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"Au Théâtre ce soir ?"

Pour une rentrée culturelle éclectique...


Un brin d’humeur, ou d'humour en cette semaine de rentrée et pour paraphraser Michel Onfray dans « Cosmos », qui parlait de son père rendant visite aux Inuits, appliqué au Conseil municipal de Périgueux, enceinte que j’ai découvert en 2020 en tant qu’acteur et non simple spectateur : « Je ne vis pas ce que je venais voir mais j’ai vu ce que je ne voulais pas voir »…



Historiquement, le théâtre et la politique sont intrinsèquement liés : ils naissent en même temps, au Vème siècle av. J.-C. En effet, dans la Grèce antique, le théâtre est d'abord un acte politique, le devoir de chaque citoyen est d'assister à la représentation théâtrale et pour cela il est subventionné par l'État.


Après « Embrassons nous, Folleville ! » comédie vaudevillesque empruntée à d'Eugène Labiche et Auguste Lefranc, représentée pour la première fois à Paris au théâtre du Palais Royal le 6 mars 1850 et rejouée récemment au Grand Périgueux, confirmant bien l’extension de cette expression devenue ironique et désignant des démonstrations d'amitié ou de joie qui permettent d'oublier les différends et qui occultent les problèmes, où chacun reconnaitra facilement  les deux acteurs principaux, il m’est apparu amusant de décliner la parodie dans les sous-sols d’une autre salle de spectacle sise rue Bertrand Du Guesclin.


Au Conseil Municipal de Périgueux, il s’agit bien là d’une tragi-comédie parfois frisant le théâtre de l’absurde, à l'image de "La Cantatrice chauve" d'Eugène Ionesco, jouée pour la première fois le 11 mai 1950 au Théâtre des noctambules, où le spectateur assiste à la déliquescence de la parole, une parodie du langage qui transposé à notre époque serait la critique d'un langage désarticulé, d'une écriture inclusive, de l'absurde d'une cancel culture en lien avec un wokisme ambiant.


Le décor est planté avec à l'accueil et dans l'entrée des agents de la Police Municipale mais sans le brigadier pour frapper les trois coups et dans les coulisses les machinistes aux ordres pour retransmettre la pièce sans coup férir et sans « corde » de sécurité tant le mot reste maudit sur scène.


Chacun y joue scrupuleusement son rôle dans un synopsis maitrisé : la maire tient l’affiche, à l’avant-scène, devant le rideau, sûre de son droit, dogmatique, récitante d’un long monologue un peu ennuyeux mais aussi chef d’orchestre parcimonieuse des temps de parole et garante du tempo; le cabinet resserré autour de trois ou quatre élus considérés comme essentiels exécutent de manière appliquée dans la fosse une musique parfaitement répétée ; le trou du souffleur, occupé jadis par le Directeur Général des Services, démissionnaire dernièrement, est déserté en attendant son successeur, incriminant selon les dires, des dates supplémentaires ajoutées à Noël, la durée de la dernière pièce qui dépasse de loin les huit heures syndicales, la crainte de faire un four avec un programme peu alléchant et aussi, on me l’a susurré mais cela reste à vérifier, du fait du caractère insupportable de la diva ; la majorité, captive et captivée, est au premier rang du parterre, toujours silencieuse, vêtue de rose car interdite de s’habiller en vert, signe de malédiction au théâtre, toujours attentive car découvrant la pièce pour la première fois par faute de générale; l’opposition, amère ou râleuse, barbote dans les baignoires, assez démunie, empêchée de siffler et s’ennuyant ferme depuis la sortie tonitruante, côté jardin, du boute-en-train écologiste; le public rare et boudeur se fait discret aux balcons et de toute façon, dans cette enceinte, reste muet, ou s'exerce au mime avec des moues, des rictus, des froncements de sourcils car il est interdit d’applaudir la prestation ; les médias patientent serrés dans les loges, pressés d’envoyer leurs critiques, souvent leurs louanges, avant le bouclage et ratent souvent les dernières répliques parfois les plus savoureuses… et si au début quelques-uns des abonnés les plus fervents étaient tout en haut, ils ne sont plus nombreux à se réfugier au paradis.


L'émission « Au théâtre ce soir », devenue « Au théâtre ce matin » avec des séances débutant aux aurores, ne fait plus le plein pour sa retransmission en direct ou en différé et, dans sa forme actuelle, n’aurait certainement pas convaincu, si elle avait été toujours d'actualité, Pierre Sabbagh, Roger Harth et Donald Cardwell, qui l’auraient promptement relocalisée de Périgueux au Théâtre Marigny à Paris et repositionnée à une heure plus correcte pour le travailleur et la ménagère de plus de 50 ans. Cela aurait été au risque d’une concurrence avec le Théâtre de La Comédie Italienne où s’est joué, il y a peu, une autre pièce avec en vedette, une tête d’affiche issue de la même école de théâtre de la rue Solférino « La Diva Hidalgo Reine des bobos »… (ça ne s'invente pas!)


Allez, fermons le rideau. C’est bientôt la fin de la tournée !


PS: désolé... mais dans ce pamphlet, je n'ai pas réussi à caser un autre mot maudit "lapin"!



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