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Démocratie participative et démocratie représentative. Un signal est attendu.

Démocratie participative, coup politique ou réelle contribution?


La démocratie participative est conçue comme un remède possible à la crise de défiance qui touche la sphère politique. Il s'agit de recréer des liens entre la société civile et les institutions. Dans les faits il s'est souvent agi de pseudo consultations pour faire valider des décisions déjà prises. Nous pourrions évoquer, les conseils de quartiers, les assemblées participatives, les referendums, les assises de la vie associative, le conseil de développement, les différentes initiatives de participation citoyenne... et bien d'autres formules souvent novatrices.

Le sujet est très vaste.

Prenons, ici, le seul exemple des cahiers de doléances.

A l'image de ceux de 1789, collectant les souhaits et les récriminations du peuple, les 10 000 cahiers collectés à l'initiative du Président de la république en 2019 suite à la crise des gilets jaunes, celui ouvert par la maire de Périgueux en octobre 2022, pour mettre en évidence les critiques des habitants envers le nouveau système de collecte des ordures ménagères dans le droit fil de son relationnel compliqué avec le SMD3, à quoi servent vraiment ces consultations populaires informelles?


S'agit-il d'un simple exutoire permettant d'évacuer un surplus de revendications des citoyens et induire un apaisement par l'usage du "temps long" ou une véritable opportunité d'intégration de propositions de la base dans nos politiques publiques?


Les niveaux de décisions sont-ils à ce point déconnectés du réel pour qu'ils puissent devoir faire appel à ce genre de pratique, dont tout le monde sait, que jusque là, il n'en sera pas tenu compte et que ces documents dits "historiques" termineront aux archives comme témoins pour les historiens futurs d'une époque de "révolution citoyenne" française du début de ce XXIème siècle.


Pourtant ces documents, lorsqu'ils existent, peuvent être des outils intéressants si leur apport est constructif et pas inutilement critique ou systématiquement négatif, permettant à tous de se réapproprier le dossier. Ils peuvent, aussi, représenter parfois pour le gouvernants une "porte de sortie" acceptable par tous dans ces conflits larvés dont il est dit, à chaque fois par les manifestants, qu'il s'agit d'un déni de démocratie. Une partie de la population, souvent minoritaire, se sent dépossédée d'une décision qu'elle considère comme non acceptable.

Ces apports des cahiers de doléances, en replaçant les discussions au niveau des citoyens, permettraient de confronter réellement les nécessités d'une gestion administrative pragmatique et les souhaits populaires plus basés sur l'expérience du vécu, sur la gestion d'un quotidien parfois difficile, sur l'incapacité à se projeter dans un futur proche qui semble décidé par d'autres, sur l'intégration nécessaire de nouvelles données économiques et environnementales, sur le périmètre mental et physiologique des personnes concernées, en particulier les plus vulnérables, sur l'acceptation ou non de certains renoncements notamment chez les personnes âgées car se surajoutent pertes d'objet, pertes sociales, pertes corporelles, pertes intellectuelles et pertes psychologiques, sur notre capacité de résilience (faire des plans réalistes et réalisables, faire confiance à ses habiletés, avoir un dialogue honnête et calme, activer sa capacité à résoudre ses problèmes personnels sans les reporter sur les autres...).

Ils pourraient servir autant sur le problème national des retraites, que sur des sujets plus locaux qui dépassent le simple referendum se résumant à un "oui" ou à un "non".

Probablement qu'il n'en sera rien et que toutes ces opportunités resteront des postures. Postures offertes par tous et de tout bord politique achevant de démobiliser les citoyens!


Démocratie représentative, en panne?


Le spectacle de l'agitation des députés insoumis dans l'hémicycle aux vues de tous, en particulier de celles des jeunes générations qu'il sera encore plus difficile de tenir dans des classes chauffées à blanc, les insultes, les suspensions de séances tonitruantes, les participations de certains à des réseaux Tik Tok, l'usage fébrile de la calculette pour compter son quota de députés acquis préalable à l'usage contraignant du 49.3, les hésitations des syndicats confrontés à la poursuite d'un mouvement social alors que la représentation nationale a parlé (même si le recul du gouvernement en 2006 sur le dossier du CPE reste dans les mémoires), tous ces comportements médiatisés continueront dangereusement à écarter une part de nos concitoyens de choix raisonnés et raisonnables pour les pousser dans les bras des extrêmes de tout crin, populistes par nature et porteurs de solutions entendables car trop simplistes, ou pour un grand nombre à les détourner des urnes et donc de la participation à la vie démocratique.

Voilà en effet plus de 30 ans que l'abstention est régulièrement en hausse dans notre pays. Un constat surtout perceptible chez les jeunes, les moins diplômés, les plus isolés et les plus fragiles économiquement. N'oublions pas les élucubrations démagogiques et clivantes tenues lors de la première moitié du siècle précédent, les dérives dramatiques qui ont suivi et qui sont encore dans nos mémoires.

Méfions nous de ceux qui crient trop fort comme si la révolution était en marche et qui souhaitent faire exploser notre société, mais aussi de ceux beaucoup plus discrets, volontairement retenus, se donnant une aura de respectabilité. Ces deux groupes, s'ils étaient au pouvoir, nous amèneraient à une guerre civile fratricide, y compris au sein de nos propres familles alimentant le ressentiment, la désespérance, le communautarisme et une certaine idée de la revanche sociale.


Que nous reste-t'il alors? Des citoyens démotivés et écartés qui ne votent plus guère avec des taux d'abstention records entre 30 et 50% selon le type d'élections, des citoyens désespérés et attirés par des votes extrêmes racoleurs et démagogiques, et des citoyens dont le nombre se réduit chaque jour, qui croient encore à la démocratie et à la capacité de gouverner, mais qui restent désabusés.

Il nous faut retrouver la confiance pour les personnels politiques, la certitude de la capacité des institutions à changer notre quotidien, la volonté de création de lien social pour les citoyens les plus éloignés, le maintien du libre choix en évitant que les médias de "jouent le match" avant que les électeurs ne soient passés dans l'isoloir...


Nous rentrons dans l'ère des coalitions de gouvernement et de majorité parlementaire. Les critères de choix de ces élus doivent être : intégrité, respect, sens de l'Etat, sens de l'intérêt général, humilité, pragmatisme sans cynisme et capacité d'anticipation. Certains des élus actuels de gauche, du centre et de droite relèvent de ces critères. Ne devraient ils pas travailler ensemble? Est-ce l'avènement d'une nouvelle république ?


Plus profondément, nos institutions nationales confrontées à cette colère et cette désespérance, certes portées dans la rue par une minorité, mais sous-jacentes chez beaucoup de nos contemporains et traversant tous les milieux sociaux, sont-elles en mesure de pacifier ce climat délétère, de récréer une unité nationale, de favoriser le vivre ensemble et de redonner aux citoyens de l'espoir?


Un signal fort est attendu.


Il devra être à la hauteur du malaise de notre société, après les épisodes successifs des revendications des oubliés des ronds-points, de la pandémie du Covid, des tensions internationales avec la guerre à l'est de l'Europe, des difficultés économiques de beaucoup de nos concitoyens qui ne peuvent plus tenir leur budget à chaque fin du mois.

L'Etat a su jouer un rôle déterminant et protecteur durant la pandémie en soutenant à bout de bras des pans entier de notre économie sinistrés. Il doit maintenant être à l'écoute et encore plus aux cotés de ceux qui sont en difficultés en donnant des gages aux plus fragiles d'entre nous, notamment nos jeunes et nos ainés, en orientant l'économie vers l'innovation pour plus de durable, plus de solidarité, plus de proximité avec les territoires.

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