Amis du rugby, si vous avez été attentifs au Conseil Municipal de mercredi après-midi à Périgueux, vous aurez compris que le projet du Grand Stade de rugby qui vous faisait rêver, ici à Périgueux, a malheureusement, du plomb dans l'aile.
La réalité de ce projet municipal à ce jour: Des aides cumulées réduites à 6.7 M (= 48% de subventions) contre 11 M espérés ( = 80% de subventions annoncés sur le budget initial). Un budget évalué à 8 M il y a 1 an, porté à 14 M aujourd'hui! 14 - 6 = 8. Cela fait un autofinancement à trouver de 8 M. Chiffres vraiment alarmant pour les finances de la ville... Pouvons-nous porter un tel projet aussi mal conçu en toute sécurité?
Ce fut laborieux d'écouter cette obligation de réponse détaillée par la maire au sujet du financement du "Parc multisports" en réponse à une de mes questions écrites demandant un budget précis, enfin, sur ce dossier. Nous devons le redire: il n'y a a jamais eu, en Conseil, de vote sur le choix du projet, sa pertinence, son périmètre, sa gestion accompagné d'un véritable budget prévisionnel informatif. Les seuls votes ont porté sur des demandes de subventions, cinq lignes de financement pour des espoirs d'aides complètement surréalistes pour rendre un budget équilibré. 80% demandés en avouant, aujourd'hui, qu'on obtiendrait un maximum de 50% et que c'était très bien... Pas vraiment sincère comme budget mais qui nous demandait régulièrement pourtant de nous engager sur de tels chiffrages dans des délibération successives!
La règle de la question écrite est que l'élu qui interpelle ne peut plus intervenir. Assez frustrant de ne pouvoir débattre dans un Conseil Municipal déjà complètement bridé avec des élus atones, acquis, frustrés ou désabusés.
La réponse de l'édile est obligatoire. Las, j'ai bien eu, des mains de la maire en personne qui est venue à ma rencontre, dans une démarche préparée en digne communicante, un carnet de dessins (déjà coloriés), repris in extremis pour permettre LA photo devant les journalistes, en guise de réponse à mon exigence. Mais encore à cette heure, de budget prévisionnel complet... nenni, seulement des ébauches de planches dessinées, extraites de la vidéo de présentation du stade. Absence, une fois de plus, dans ce document, de détails des différentes dépenses et recettes autre que les fantastiques finances espérées des collectivités et de l'Etat.
Je vous le dis avec d'autant plus de dépit, que comme ancien responsable de club sportif et actuel Médecin Fédéral National, je sais ce que c'est que de porter des projets associatifs et d'espérer un accompagnement de la collectivité. La maire a beau jeu de dire que l'opposition essaye de saborder son projet de mandat et de tenter de me stigmatiser aux yeux du monde du rugby comme elle m'expose régulièrement contre les services quand je critique des manquements des élus. Ce n'est pas le cas. Nous sommes, et c'est notre rôle politique utile d'opposants, attentifs au respect des règles, de l'équité, à la vigilance nécessaire sur les finances de la ville et c'est particulièrement vrai pour ma part du fait de mes fonctions de vice-président de la commission des finances.
En tant qu'élu, et je sais le positionnement politique difficile auprès du monde du rugby, et j'ai noté les amis prévenants qui me suggèrent de "laisser faire les choses", de ne pas donner l'impression que l'échec viendrait d'élus trop attentifs, que la municipalité va "se planter" toute seule... Nous devons rendre des comptes à nos concitoyens sur l'utilisation de l'argent public. Nous devons anticiper l'avenir et être vigilant à ce ne soit bâti une aventure sportive mal équilibrée financièrement, qui reposerait trop sur l'ambition sportive d'un seul président fût-il très engagé dans le monde sportif. Demain, la dynamique actuelle volontaire du CAP et ses excellents résultats peuvent traverser une même instabilité que celle qui agite le football bergeracois en raison du départ brutal annoncé par son dirigeant emblématique. Nous avons déjà connu des crises, par le passé, au CAP.
Nous avions, effectivement, Virginie Jarrige et moi-même, écrit au Préfet, en son temps, à deux reprises pour l'alerter sur le choix d’une procédure concurrentielle avec négociation et non d’une procédure formalisée avec un vrai concours permettant de comparer les projets. Cette procédure était alors justifiée par l'équipe municipale par le caractère de "simple restructuration et réhabilitation" de l'existant ce qui paraissait, déjà l'époque assez discutable pour 8 M mais alors pour 14 M.... La critique portait sur l'anomalie, selon nous, de la désignation du cabinet d'architecture par le choix du moins disant sans pouvoir comparer les projets en présence. Cela nous paraissait frustrant pour un tel projet structurant qui engage la collectivité pour les 75 ans qui viennent.
La controverse portait aussi sur montant global fluctuant et exponentiels des travaux; sur l’augmentation importante des surfaces de planchers au niveau de la tribune principale qui n’en faisaient plus une simple réhabilitation (augmentation demandée de 1 000 m², recalée par le préfet depuis car interdite en zone rouge du PPRI); sur l’absence d’urgence impérieuse justifiant de passer par ce type de marché; sur la présence de très nombreux candidats potentiels intéressants trop rapidement écartés; sur la préservation de l'équité pour des entreprises locales du BTP.
La municipalité de Périgueux, comme dans la fable de "la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf", n'a pas, et cela aurait été le cas de toute municipalité de quelques couleur politique qu'elle soit, la capacité de porter seule un tel projet qui avoisinera les 18 ou 20 M d'euros au final, qui d'habitude est celui dévolu à des métropoles souvent régionales.
Pour rebondir sur les propos échangés hier, je le confirme: non, la ville n'a pas la capacité à porter seule ce dossier aussi lourd, mais oui, le projet aurait pu être plus ambitieux. Il n'est d'ailleurs peut-être pas trop tard!
Dans notre cas, le vrai projet aurait pu être un équipement structurant de niveau départemental, coporté par l'Agglomération du Grand Périgueux et la Communauté d'Agglomération Bergeracoise, les villes de Périgueux, Trélissac et Bergerac, aidé par le département et la région, cofinancé avec des fonds privés, acceptant une mutualisation football/rugby, sur pelouse synthétique, dans une zone intermédiaire géographiquement, proche d'une sortie d'autoroute, dotée d'équipements réceptifs, avec une utilisation à la fois sportive et évènementielle.
Pour illustration, le stade Jean Dauger à Bayonne du même architecte P. Arotcharen à couté, il y a 2 ans, 27 M d'euros financés quasi à parts égales par des fonds publics et des fonds privés et dont 6 M provenait du club utilisateur.
Cela aurait été un projet, certes à 30 M mais beaucoup plus porteur que ce jeu de terrains musicaux, où le rugby pousse l'athlétisme où l'athlétisme pousse le paddle et le foot ... C'est absurde et c'est toujours un financement par le contribuable périgourdin, à savoir, nous, les 8 500 foyers fiscaux imposables de la ville, pour un usage qui dépasse largement les utilisateurs de la ville-centre.
Cela n'aurait pas empêché de rénover de manière concomitante les équipements locaux vieillissants, sans générer autant de dépenses supplémentaires pour la ville.
D'ailleurs le mythique Dantou, fait bien plus pour l'ambiance qu'un grand stade de 10 000 places occupé au quart ou au tiers, ce qui risque d'être la jauge habituelle de fréquentation. A Périgueux, en 75 ans de vie sportive, la barre des 10 000 spectateurs a été dépassé 2 fois et c'était du football (Angers / St Etienne en 1978, et Trélissac / Marseille en 2010) et celle des 8 000 spectateurs 2 autres fois seulement en 1951 (1/8 Brive/Bergerac) et en 2011 (1/2 Périgueux /Massy).
Nos prévisions malheureusement étaient assez justes malgré le peu d'éléments dont nous disposions. Nous avions annoncé au total 6 M de subventions, repris vertement par la maire car pas assez précis, qui elle, espère 6.7 M d'aides (6.1 M pour le stade et 0.6 M pour la piste d'athlétisme)! Dont acte.
Récapitulatifs du jour:
Pour le budget du stade de rugby:
Les chiffres du 28 septembre: 11 M de travaux et 1 M de frais de Maitrise d'Œuvre soit 12 M
Une ville pas vraiment suivie par l'Etat, la Région, le Département (qui passe de 2.6 M demandés à 1.8 M acquis et votés le 27 septembre) et l'Agglomération: chacun lui assurant que son projet était exceptionnel et tous étaient à fond derrière elle...
Aux dernières nouvelles, deux aides supplémentaires seraient envisagées pour le stade à hauteur de 150 000 euros par l'Agence de l'Eau et 300 000 euros sur une fond FEDER en provenance du Pays de l'Isle? Cela reste à voir.
Donc des aides évaluées à hauteur de 6.1 M soit un subventionnement à 51% contre 80% dans le budget initial.
Pour le budget de la piste d'athlétisme
Les chiffres du 28 juin sont toujours stables à 2.1 M de travaux financés par l'Etat (DSIL à 360 000 € maintenue), l'Etat (ANS à 420 938 € attendus mais réduits à 250 000 €), la Région (393 400 € attendus mais réduits à 0€), le Département (254 707 € attendus mais réduits à 0€) et l'Agglomération (254 707 attendu , réduit à 0€) ... C'est la douche froide car nous passons de 80% de subventions à 32% (664 000 €).
PS: A l'attention de Madame la Maire, qui me lit assidument, je m'en suis rendu compte hier, et qui ne manque pas de me citer, ce texte, comme l'ensemble de mes publications, n'a pas été, ni écrit par un nègre littéraire, ni inspiré par un DGS communautaire.
Il reste ma propriété intellectuelle, rédigé sur mon temps libre et mes nuits d'insomnies, en plus d'un emploi du temps chargé de médecin encore en activité et de mes missions de délégué communautaire que j'assume réellement!
Il semblerait utile que d'autres élus sachent se pencher sur les dossiers et analyser les chiffres pour vous solliciter ou vous alerter dans vos réunions majoritaires sur vos choix politiques. Je ne parle pas, ici, uniquement du stade... D'autres sujets d'actualité devraient les interpeller et méritent controverses.
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