Suite à ma question écrite* déposée le 22 janvier, délai suffisant pour étayer une réponse au Conseil Municipal d'hier soir (31 janvier), avec copie pour information (et non pour saisine) à Monsieur le préfet, une réponse rapide des services de l'Etat m'est parvenue le 30 janvier avec également en copie, Madame la maire.
L'édile a volontairement occulté la problématique hier soir en Conseil.
*Pour rappel, la publication précédente:
La municipalité, sur une construction de parking qui avance très vite et qui interpelle les riverains, par manque de temps pour élaborer une réponse argumentée pour ce Conseil Municipal (qui ne comportait pourtant que 3 points à l'ordre du jour - contre 37 au dernier marathon municipal du 13 décembre), n'a pas jugé bon d'évoquer ma question justifiant un nécessaire délai d'instruction, et l'a repoussé au prochain conseil prévu dans 5 semaines...
Certes là encore, elle est dans son droit mais a bien perçu que l'Etat se défaussait sur la mairie concernant le respect de toutes les réglementations. On sent bien poindre un certain embarras dans sa non-réponse municipale.
Cette absence d'évocation sinon de réponse concrète montre, à mon sens, une condescendance envers son opposition, un mépris des préoccupations quotidiennes des habitants et un atermoiement bienvenu permettant aux travaux d'avancer alors que visiblement toutes les règles n'ont pas été respectées...
Cela ne vous rappelle rien ?
Je suis pleinement dans ma fonction d'élu et aussi de citoyen, sur cette procédure, que d'interpeller pour ce qu'elle dit de nos fonctionnements et de l'importance accordée, en général, aux patrimoines archéologique et naturel .
N'étant pas autorisé à reproduire le courrier préfectoral, je résume les éléments de réponse de l'Etat. Des informations complémentaires sont apportées sur l'intérêt du projet, son aspect vertueux, son inscription dans une démarche soucieuse d'un plan de déplacement des agents et sur l'instruction bien validée par les services municipaux. Dont acte.
Ce projet est légal et a respecté, selon les services préfectoraux, toutes les procédures et règles en vigueur en particulier l'instruction de déclaration préalable déposée en Mairie le 13 septembre 2023, qui a reçu un avis favorable qui a été notifié le 20 novembre 2023 à la préfecture.
Cet avis auprès des services municipaux portait notamment sur la conformité de l'utilisation des sols qui ne risquait pas de compromettre la protection ou la mise en valeur du patrimoine archéologique. De même , il est précisé que l'abattage des arbres était autorisé car la parcelle n'était pas considérée comme un espace boisé classé (EBC).
Plusieurs éléments portent cependant à controverse:
Arbres
La parcelle correspond, dans ce dossier, à un SIP (Secteur d’Intégration Paysagère) dans une AVAP (Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine) opposable depuis le 06 avril 2018.
Des prescriptions existent sur la construction d’aires de stationnement nouvelles , une seule a été respectée! Pourtant l'Architecte des Bâtiments de France a donné un avis favorable aux travaux, le 10 octobre 2023.
« Dans le cas d’une opération nouvelle, la question du stationnement devra être traitée en amont, avec le souci de rendre les véhicules les moins perceptibles possibles à partir de l’espace public. Ils devront obligatoirement être séparés de la voie et hors de la vue des passants »
RESPECTE, car la zone de stationnement est éloigné de la voirie
« L’accent porté sur le cadre paysager participera au développement de l’écrin végétal en place sur le territoire. »
NON RESPECTE, car des arbres sains ont été abattus, dessouchés et aucune plantation n'est envisagée ou préconisée
« L'espace urbain doit être traité avec des matériaux n’imperméabilisant pas le sol afin de favoriser l'écoulement des eaux et leur absorption dans le sol. »
NON RESPECTE, car si les 479 m² de stationnement sont bien en dalles perméables et végétalisées, ce n'est pas le cas de la voirie d'accès (367 m²) qui est traité en matériau imperméable alors que des solutions techniques autres existent à l'image de la voie verte du Grand Périgueux, prochainement traitée avec un revêtement bitumeux drainant.
« Les plantations doivent respecter une palette végétale propre au caractère du lieu. Les arbres existants doivent être conservés et les essences traditionnelles locales replantées en cas d'abattage pour raison sanitaire ou de sécurité. »
NON RESPECTE, aucune essence d'arbre de remplacement n'a été évoquée ni dans les courriers, les descriptifs ou les préconisations, pourtant la communication municipale, répétée à l'envie, est centrée sur la protection de l'environnement, la végétalisation et le bien-être de ses habitants...
La question que je me pose, où sont passés les conseillers écologistes de cette équipe? Ont-ils suivi ce dossier? Pourquoi un tel silence quand les tronçonneuses et les bulldozers sont passés à l'action?
Sources
Une étude hydrogéologique réalisée par l'agence Optisol géotechnique a porté uniquement sur le ruissellement et les évacuations des eaux pluviales, mais ne mentionne pas les deux sources présentes sous la parcelle étudiée.
Une attention particulières devra être portée sur les deux autres lots lors des prochaines phases de travaux, car il est possible que les deux sources soient situées sous les deux autres parcelles.
RESPECTE, à priori à ce jour, mais vigilance pour les deux autres lots avec en sous-sol les sources de Font Laurière et de Font Chaude.
Archéologie
D'évidence, aucun sondage ou fouille n'a été réalisé à la demande de la Mairie, sachant la situation emblématique de la parcelle en plein cœur de Vesunna. De plus, avant tout aménagement public ou privé, l’État peut dans certains contextes, mais ici compte tenu de la profondeur du décapage, devait prescrire un diagnostic archéologique pour vérifier si le terrain recèle des traces d’anciennes occupations humaines, ce qui est une évidence dans ce dossier.
Cette intervention, effectuée par l’Inrap ou par un service de collectivité territoriale agréé, répond à un processus très encadré.
Le décapage au bulldozer, des souches et du terrain a dépassé les 50 cm de profondeur, limite de profondeur obligeant dans ce cas à faire des sondages.
NON RESPECTE, de manière surprenante, dans une ville qui porte le gallo-romain en héritage, labellisée "Villes et Pays d'art et d'histoire", et dont la maire, affiche, dans un récent ouvrage qui lui est en partie consacré, "son gout viscéral pour le patrimoine"...
Parking
Quelle décision ubuesque a validé le choix de créer un nouveau secteur artificialisé à quelques mètres seulement d'un parking existant, certes obsolète et défectueux, mais qui avait déjà dénaturé le sol, pour un nombre de places équivalent: une trentaine. A recompter toutefois car les nouveaux emplacements créés sont au nombre de 22 alors que 33 sont annoncés... Doit-on en conclure que l'ancien parking va être conservé ?
Qui a présidé à la découpe des 3 lots propriétés de l'Etat, pour créer un lot de 918 m² enclavé entre le lot de 2 300 m² cédé à la Mairie et le lot restant de 3 852 m², prochainement à la vente?
La Mairie n'aurait-elle pas dû négocier une parcelle plus grande car implanter sur 2 300 m², une Maison de quartier, une Maison médicale, une vraisemblable aire de jeux et des places de stationnement pour tous ces visiteurs, va être très contraint?
Pour information, le terrain restant (3 852 m²), s'il est vendu au même prix/m² que la parcelle achetée par la municipalité (rappel: 2 300 m² à 175 000 €) sera accessible à un potentiel acheteur pour 293 000 € environ.
Riverains
Pour une Maire, élue sur un programme socialiste et écologiste, qui souhaite "avoir l’œil et la main sur tout", nous ne pouvons qu’être étonnés de la désinvolture avec laquelle elle traite les habitants de la ville, qui plus est, ceux de son quartier de résidence, quartier auquel elle semble très attachée.
Si, comme le préfet nous le confirme, le projet de parking a été réalisé conformément aux diverses lois et règlements, on peut s’étonner qu’aucune voix, surtout la sienne, ne se soit élevée, pour sauver les vieux arbres, sachant que lors de ces coupes, c’est non seulement une dégradation du sol, un profond bouleversement de la biodiversité avec un relâchement dans l’atmosphère du carbone stocké dans le sol; pour demander un programme de plantation compensateur; pour que soit protégé ce patrimoine naturel riche de la mémoire populaire; pour diligenter une étude d’impact - qui n’est pas obligatoire, nous l’avons bien compris- par simple respect des riverains, certains natifs du quartier et dont les enfants ont fréquenté le centre aéré ou l’école de la Calandreta; pour informer et associer les habitants du secteur, au projet global, intégrant celui de la municipalité.
Si toutes les cases de la légalité sont cochées, ce qui n'est pas démontré, aucune ne le sont sur les réponses aux questions que se posent les riverains sur la transformation actuelle et à venir de ce lieu symbolique et sur les répercussions éventuelles sur la qualité de vie des habitants.
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