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La santé se vide de son sang

Je souhaitais, à titre personnel, vous faire partager l'ensemble de mes propositions, déjà publiées mais réactualisées pour tenter de résoudre la situation des déserts médicaux en France (en annexe).

Ces déserts ne sont pas le fait des médecins généralistes actuels mais des députés des précédentes législatures depuis 25 ans qui, par leur méconnaissance du terrain, ont, comme ce sera la cas de ceux en place actuellement, dégradés notre politique de santé.


Ce qui est vrai pour le monde libéral, l'est aussi pour le monde hospitalier, il suffit de voir l'état de l'hôpital et la gestion des urgences en Dordogne depuis le 1er juin...


Cette situation est dramatique pour toutes et tous et nous concerne, ou nous concernera, à un moment dans notre vie personnelle ou dans celle de notre famille, y compris pour nous les médecins qui sommes aussi des usagers, parfois.


Mais ce n'est pas parce que la situation est douloureuse que nous devons collectivement faire porter le poids des erreurs de gestion passées sur les médecins actuels et ceux qui vont arriver.

Vos médecins ne sont pas des professionnels avides d'argent, ne sont pas des fainéants qui ne travailleraient pas assez, ne sont pas des irresponsables, ne sont pas des corporatistes par leur opposition à ce projet de loi. Mais vous ne trouverez aucun médecin généraliste de terrain, de quelque parti que ce soit, favorable à cette PPL et pourtant cette loi sera votée. Soyez en certains.


Que chacun assume sa part de responsabilité.

Il est difficile pour moi, membre d'Horizons, de parler d'un député de mon parti de manière aussi critique. Mais je m'y risque.

Dans une interview sidérante*, hier, sur LCP, Frédéric Valletoux, député Horizons, non médecin, ancien journaliste et en charge durant 10 ans de la Fédération Hospitalière Française, qui a pris la suite de l'ex-député Thomas Mesnier, et s'est "approprié" la politique de la santé dans son parti, assure, en substance, que les médecins hospitaliers, eux, ont le sens de l'intérêt collectif mais qu'il faut "mettre au pas" les médecins libéraux qui ne pensent qu'à l'argent car représentés par des syndicats corporatistes et déconnectés des besoins de la population … Propos méprisants et honteux de la part d'un élu politique pour ces hommes et ces femmes dont l'humanisme et le sens du devoir forcent le respect, particulièrement après cette période de pandémie.


[*Copiez le lien vidéo accessible uniquement sur Twitter: https://twitter.com/i/status/1666510880865939456]


Tout le monde l'a compris. Ce ne sont pas les généralistes libéraux qui sont hors sol, mais bien ce représentant de la nation à l'image du portage de son projet de loi dont les lignes ne peuvent qu'avoir été écrites par quelques énarques de Matignon, en échange, et ce sera pour le moins largement mérité, compte tenu du contenu volontairement provocateur de cette PPL, d'un poste ministériel en juillet lors du prochain remaniement gouvernemental, en juste remerciement de son "courage" politique si elle passe!

Il ne maitrise pas les conséquences de sa proposition car il n'a, à l'évidence, aucune empathie ni pour les usagers, ni pour les médecins de terrain, compte tenu du dédain affiché à leur endroit.


En tant qu'adhérent d'Horizons depuis 8 mois, je demande instamment à Édouard Philippe, que nous n'avons jamais entendu sur ce sujet, de se prononcer clairement. Les "pôles idées" de son parti sont des instances qui produisent beaucoup de réflexions et d'apports très intéressants et avant-gardistes sur différents sujets. Celui de la santé a porté beaucoup d'autres propositions très différentes de ce texte étudié en ce moment à l'Assemblée Nationale.


Si nous étions des agriculteurs, se sont des tombereaux de fumier que nous déverserions aujourd'hui devant la sécurité sociale de Périgueux… tant ces propositions sont à vomir!


Les idées simplistes (obligation, coercition…) déjà tentées dans d'autres pays ne marchent pas. Elles sont contre productives et entraineront, quasi immédiatement, désaffection, dissuasion d'installation, perte d'attractivité, mais aussi "abandonnisme" des étudiants à la fin de 10 ans d'études et dévissage anticipé de plaques des futurs ou jeunes retraités …


Notre modèle économique des cabinets libéraux est en danger. Certains vont fermer car ce sont des entreprises qui ont souffert d'une augmentation des charges et des salaires ces dernières années et un juste rattrapage nécessitait déjà 5 euros de plus du fait de l'absence de révision des tarifs depuis 2017. Le règlement arbitral nous octroie 1.5 euros dans 6 mois, si ... "les médecins sont gentils", c'est à dire s'ils acceptent d'autres contraintes!


Dans le même temps, des groupes financiers internationaux, sur le modèle de Netflix, proposent une "ubérisation" de la médecine, comme cela se pratique depuis deux ans, par exemple, au Portugal. Abonnement de 11 euros 90/mois/personne en échange de 20 téléconsultations, ou télé conseils devrait on dire, chaque année, remboursées par la Sécurité Sociale au mépris des lois françaises car ce qui est autorisé pour Ramsay est interdit à vos généralistes et c'est heureux car ce n'est pas la médecine humaniste et clinique qui nous a été enseignée. Pour que le modèle économique soit tenable, ce contact téléphonique sera, en fait, un moyen détourné pour recruter des clients potentiels pour les 175 cliniques privées françaises du groupe vers lesquelles seront réorientés ces patients pour bénéficier d'examens complémentaires bien nécessaires !

Le modèle économique libéral, lui, ne tient plus et n'est plus souhaité semble-t-il. Pourtant il assure les soins efficaces dans des délais courts. Mais ce n'est plus le souhait de nos dirigeants. Prenons en acte! Nous entrons dans des temps où la santé sera gérée par des fonds de pension et où les consultations seront virtuelles.


Le gouvernement vient de créer une médecine, non plus à deux mais à trois vitesses:
Une médecine "discount", de mauvaise qualité, pour les plus pauvres, les "sans-dents" aurait dit François Hollande...
Une médecine salariée de qualité dans des centres portés par les collectivités mais avec des délais d'attente de plusieurs mois, une file active réduite de patients et un cout 2.5 fois plus élevé que dans nos cabinets libéraux (cout réel de l'acte à 85 euros en Dordogne).
Une médecine libérale déconventionnée (secteur 3), qui assurera des prises en charges plus élitistes pour ceux qui auront les moyens de se soigner!

Il serait intéressant de questionner F Valletoux, et nos autres décideurs, sur où iront leur choix, le jour où ils auront besoin de soins...


Michel CADET

Elu et membre d'Horizons.


Propositions personnelles qui n'engagent pas le Collectif des Médecins de Dordogne ni le parti Horizons

 
 

Les réactions des médias à notre grève et notre rencontre avec les élus et les administratifs locaux devant la CPAM de la Dordogne cet après-midi


France Bleu Périgord 09/06/23

Réussir le Périgord 09/06/23

France 3 Périgords 09/06/23

Sud-Ouest 10/06/23

Dordogne Libre 10/06/23







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