Julien, un périgourdin disruptif, élève des mouches en Argentine !
Une utopie devenue un process industriel loco-régional pour favoriser le développement d’une économie durable, « main dans la main » avec la nature.
Julien et François
Julien Laurençon, 44 ans, un périgourdin de souche, d'abord étudiant globe-trotter, a ensuite dévié d’une trajectoire déjà écrite de jeune cadre dynamique avec 15 ans passés dans le monde de l'entreprise en tant que chef de projet, consultant en stratégie et pour finir, vice-président d'une banque privée à Singapour... Un parcours de réussite totale qui aurait dû se poursuivre dans le monde des affaires et au cœur du système bancaire international.
Pourtant, en 2016, à moins de 38 ans, ce jeune cadre dynamique, moins à l’aise dans les hautes sphères financières, s’est souvenu des idéaux de générosité de sa jeunesse et a réorienté sa vie pour être plus en phase avec sa personnalité et ses souhaits pour la planète.
Se servant de ses compétences de gestionnaire, il est venu en Argentine pour faire y du bénévolat.
Il s'est impliqué dans des organisations telles que "Fundación Si" et "Techo". Il a ainsi décidé de s'installer à Buenos Aires, où il a préparé un diplôme de troisième cycle en gestion des ONG et un diplôme en environnement et développement durable. Il a travaillé à l'ONG "En Buenas Manos" pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées et a co-fondé plusieurs entreprises à triple impact avant de se consacrer à PROCENS et à ses larves...
Quatre mois après des débuts très provisoires dans une ferme, il s’est associé avec un ami, François Nolet, jeune ingénieur commercial de Bruxelles, qui fut un temps consultant à ZERI (Fondation pour une économie bleue) et qui a collaboré à la préparation du livre "Plan A, La transformation de l’économie argentine ». La Blue Economy est un concept, créé par Gunter Pauli, qui s’inspire des écosystèmes naturels pour résoudre les crises économiques, sociales et écologiques. Pour ces entrepreneur, il est possible de révolutionner notre consommation et nos moyens de production tout en protégeant la nature.
Ils se sont alors intéressés à leur fameux spécimen, leur matière première… la « Black Soldier Fly », un insecte originaire d'Amérique Latine déjà connue pour son potentiel d'agent de bioconversion.
En collaboration avec l'Institut Pluridisciplinaire de Biologie Végétale de Cordoue, l’entreprise Procens, ainsi créée, a inscrit la Mouche Soldat Noire (Hermetia illucens) dans le catalogue des espèces endémiques d'Argentine.
Le développement industriel du process a débuté en janvier 2021 à Balcarce dans la province de Buenos Aires. Dans leur ferme branchée biotechnologie, une petite équipe de 13 personnes travaille chaque jour pour convertir les déchets alimentaires des toutes proches brasseries et usines de transformation de pommes de terre en engrais naturel, permettant à la matière organique et aux nutriments de suivre leur cycle naturel et de renourrir le sol.
Le principe est de transformer une partie des 16 millions de tonnes de déchets alimentaires produits par l’Argentine, grâce au travail des larves de ces mouches, en farine utile pour la nourriture des animaux et comme fertilisant du sol.
A l’heure où le prix des céréales flambe, cet insecte est une alternative intéressante pour nourrir le bétail, surtout dans un pays de "carnivores" où l’élevage intensif de bovins cause pas mal de ravages à la planète.
L’élevage d’insectes est nettement moins émetteur de gaz à effet de serre, il prend moins de place et demande beaucoup moins d’eau.
Sans compter que coléoptères, chenilles et sauterelles pourraient aussi constituer une bonne alimentation pour l’homme : il y a 2 fois plus protéines dans des vers de farine que dans le bœuf.
Procens est en plein développement et n’a pas fini de nous surprendre…
Idée audacieuse, à développer sur d'autres territoires ?
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