90% des cabinets médicaux sont fermés sur l’agglomération en cette journée du 14 février.
La réunion d’échange qui a eu lieu ce matin a regroupé aussi bien des médecins installés depuis 30 ans que des jeunes nouvellement installés ou des remplaçants potentiellement appelés à être nos médecins de demain.
De l’avis de tous, la loi actuellement en discussion est inacceptable et surtout inapplicable car incompatible avec des soins de qualité.
Le gouvernement souhaite imposer, par ces types de mesures, un doublement de la patientèle par médecin (800 patients en file active, en moyenne) ce qui est concrètement impossible pour garantir une qualité de soin acceptable par tous. Chaque médecin devra consacrer 10 minutes/patient. Six patients/heure ! Invraisemblable durant cette période où la problématique psychologique de ces temps de crise devrait plutôt allonger les temps d’écoute. Les médecins travaillent déjà en moyenne 55 heures/semaine, sans compter le temps administratif et participent en plus, ici, en Dordogne, à la continuité des soins par le biais des gardes et de la régulation au centre 15, ce qui est une charge et des horaires de travail supplémentaires.
Pour la sécurité des patients et éviter le burn-out des professionnels, très exposés, il n’est pas envisageable de faire plus, à l’heure où les salariés ou les administratifs préparent la semaine de quatre jours… là où les médecins devraient travailler 5 jours et demi.
Un médecin libéral, contrairement aux idées reçues, ne coûte pas cher à la société, deux fois moins, pour le même travail, qu’un médecin salarié d’une collectivité à temps de travail égal.
Il y a une profonde désespérance des praticiens : les plus jeunes pourtant motivés se demandent s’ils pourront s’installer et ceux en place s’interrogent sur la réorientation de leur pratique professionnelle.
Il est étonnant par ailleurs que des textes de lois soient déjà à l’étude au Parlement alors que le Conseil National de Refondation n’a pas encore rendu ses conclusions.... Nous sommes, ici, devant une précipitation du temps politique qui n’est pas celui des professionnels et dans une inflation de structures administratives nouvelles qui ne seront, non seulement, pas efficaces mais couteuses.
Le corps médical ne veut pas être le bouc émissaire ou la variable d’ajustement d’une gestion passée inopérante, incohérente et qui n’a pas su anticiper la carence des effectifs, voire l’a aggravé, pour les années 2020-2030. Cette pénurie a été voulue et organisée par les services de l’Etat selon l’idée absurde que « moins de médecins engendrent moins d’actes et moins de dépenses ».
Les médecins sont conscients qu’actuellement 8 000 patients de l’agglomération n’ont pas de médecin traitant. Ce chiffre augmentera de façon dramatique si les mesures gouvernementales annoncées sont votées.
Tous ces éléments contribuent à la perte d’attractivité de la profession médicale notamment pour les jeunes internes, que ce soit en lien avec de nouveaux modes de pratique ou sur une juste rétribution de l’acte qui doit être revalorisé afin de permettre aux professionnels d’investir dans leur outil de travail au service des habitants du territoire
Tous ces médecins de terrain expriment le souhait de rencontrer les élus parlementaires de la Dordogne pour expliciter leurs positions, leurs besoins, leurs rôles au service des citoyens
FOCUS
Pas uniquement une question d'argent mais un peu cependant...
La dernière valorisation de la consultation à 25 euros date de 2017
Entre 2017 et 2023 le smic à été ré évalué pour suivre l'augmentation du coût de la vie de près de 16% sans travail supplémentaire demandé.
Mathématiquement cela aurait pu porter le prix de consultation à 29 euros (28.87 exactement)
Dans notre cabinet sur les deux dernières années en raison de l'augmentation du prix des fluides, des charges et des salaires des personnels, nous avons eu 24% d'augmentation.
Pour compenser cette augmentation des charges, le tarif de notre consultation aurait dû être réévalué de 6 euros
Au total notre consultation en 2023 devait être à minimum 35 euros!
La proposition actuelle de + 1.5 euros est humiliante et s'assortit de nouvelles obligations comme 35 samedis travaillés par an, accepter de nouveaux patients...
Pour rappel nous n'avons pas de congés payés mais des congés payants contrairement aux médecins salariés
Nous travaillons en moyenne 55h par semaine sur 5 jours là où la loi est à 35h par semaine
Quand allons nous pouvoir travailler plus???
COMMUNIQUE DE SOUTIEN DES UNIVERSITAIRES DE MEDECINE GENERALE
Les problématiques d’accès au soin font depuis quelques mois l’objet d’une exposition médiatique importante, mobilisant largement législateurs et représentants des professions de santé.
Le travail inlassable du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) pour la qualité de la formation universitaire des étudiants en médecine générale est au service de la qualité des soins délivrés par les futurs médecins traitants des patients dans les territoires. Cette qualité est traditionnellement définie dans la littérature scientifique autour de six dimensions: l’accessibilité, l’équité, l’efficacité, la sécurité, l’efficience et la justesse. En se limitant à la question de l’accessibilité, voire à la seule réponse immédiate au besoin ressenti de soins, le risque est grand de négliger les autres dimensions et de dégrader la qualité et la sécurité des soins. Ainsi, certaines propositions actuelles des tutelles exposent la population à ce risque en favorisant :
La survalorisation des soins non programmés, moins pertinents et moins efficients que les soins organisés dans un parcours de soins cohérent,
La mise en concurrence des acteurs du soin sans que leurs missions respectives soient clairement définies et sans cohérence avec leur formation initiale,
Les téléconsultations dérégulées au profit des plateformes commerciales sans considération ni évaluation de l’utilité, de la pertinence ni des surcoûts de ce type de recours aux soins.
De surcroît, ces propositions aggravent les effets pervers d’un modèle économique sous valorisant le rôle du médecin traitant. À contre-courant de solutions à même d’améliorer le problème démographique, elles risquent de détourner de nombreuses consœurs et de nombreux confrères de l’exercice du métier de médecin généraliste.
Le CNGE appelle les pouvoirs publics au renforcement de la médecine générale, alliant la rigueur scientifique à l’approche centrée sur le patient dans l’objectif d’une prise en charge de qualité au service la population.