Conseil municipal du 01 octobre 2020
Délibération n°16 : Permis de végétaliser
Aparté : Avec les fermetures de magasins qui s’enchainent, la végétalisation, certes sujet important, ne nous semblait pas la priorité absolue de nos premières décisions
Madame la Maire, Monsieur l’Adjoint en charge des Politiques Urbaines, mais surtout mes Cher(e)s Collègues, car c’est à vous tous, les élu(e)s de la ville, que je m’adresse personnellement.
Ses réflexions qui m’interpellent sont aussi les vôtres, j’en suis certain. S’il est bien une politique, qui échappe à la vision partisane droite-gauche, c’est bien la politique de végétalisation d’un centre-ville. Effectivement par rapport aux précédentes mandatures, force est de constater que la nature pourrait y avoir une place beaucoup plus importante.
Je rends grâce à votre volonté de vous emparer rapidement de ce sujet qui favoriserait, j’en suis convaincu, l’attractivité de notre Cité comme Terrasson, Bergerac ou Brive ont su le faire ces dernières années. Attention cependant de ne pas nous vendre le rêve d’un monde de Bisounours, merveilleux, coloré et empli de senteurs agréables et que la volonté de communication « verte » ne soit pas le témoin d’une précipitation démagogique ou opportuniste.
Vous n’aurez jamais une ville comme Talmont-sur-Gironde, avec vue sur mer et roses trémières accordées aux volets des maisons de pêcheurs. Nous sommes à Périgueux, avec comme dans beaucoup de villes, des rues à double sens, pleines de voitures stationnées, des trottoirs étroits encore encombrées de container de poubelles, souvent des papiers sales, des excréments de toutes sortes, des feuilles d’arbres humides et tassées dans les coins, des masques jetables, des meubles et étagères déstructurées, des canettes en aluminiums ou en verres jetées négligemment, de petits recoins de « soulagement » ternes et odorants à la sortie d’un bar ou d’une boite de nuit.
Immanquablement ces déchets iront se nicher entre l’estragon et le pied de tomates. Qui d’ailleurs se risquera à manger la dite tomate arrosée assez régulièrement d’urine de canidé ou de vagabond, parfumée au gaz carbonique ou tavelée de fientes de pigeons ?
Je préférerai qu’il en soit autrement, mais c’est souvent notre quotidien, en tous cas, le mien dans ma rue.
Nous sommes déçus qu’un « vrai expert vert » comme Monsieur Carême, porte à l’attention du Conseil Municipal, de manière précipitée un beau projet aussi nécessaire, en l’état, sans être plus fouillé, mieux réfléchi, plus inscrit dans une politique globale de bien-être de nos concitoyens et oblige Madame le Maire à le valoriser au travers l’image festive de la « ratatouille de rue » qui ne va pas tarder à rejoindre la « foire à la saucisse » des populaires Nuits Gourmandes pourtant tant décriées il y a quelques semaines.
C’est de l’amateurisme bienveillant et de l’opportunisme de communication pour faire plaisir, le croit il, à une frange de la population.
Comme moi, vous vous posez, j’en suis certain, beaucoup de questions :
✓ Existe-t-il un plan global de végétalisation de la ville, avec une charte conforme au PLU ? ✓ N’auriez-vous dû pas annoncer au préalable, un plan volontariste et porteur sur le bâti municipal et celui des autres acteurs publics, que ce soient les abords, les façades, les toitures, par exemple, de la Cité administrative, de la Police Nationale, de l’IUFM/Centre Universitaire, de la façade du Technicentre SNCF au Toulon…
✓ N’aurait-on pas pu imaginer la mise en place de ces petits jardins potagers ou d’agrément, portés par des associations d’insertion, dans les parcs de la ville tel le Parc Jean Jaurès, qui est sécurisé et clos ? Belles images, d’ailleurs, de roses en bouton dans ce parc au nom emblématique pour cette majorité !
✓ Quelles limites nous fixons-nous à cette réappropriation de la ville par la nature ? Repensons à l’exemple des plantes grimpantes finalement trop sauvages sur le mur du pont de Chamiers, à la Voie des Stades qui étaient non maitrisées et qui ont dû être arrachées.
✓ Vous êtes-vous inspiré des exemples réussis qui sont ceux où les trottoirs sont larges, les voies piétonnes ou à un seul sens de circulation, les fontaines associées, les pergolas… pour créer des vrais ilots de fraicheur ? La plante chétive de bord de trottoir, au-delà des premières semaines, produira une image de ville mal entretenue et sale.
✓ Comment avez-vous intégré dans vos réflexions les associations de quartier concernées pour favoriser une homogénéité d’embellissement par rue ? Avez-vous prévu un budget participatif ?
✓ Où sont les documents cadres qui devraient être annexés à la présente DM : charte de végétalisation, permis de végétaliser, modèle de signalétique, listes des interdictions (accessibilité et fluidité des déplacements piétons, accès stationnements privés ou publics, accès bus, bancs, accès ouvrages techniques, mais surtout la liste des interdictions comme celle des périmètres sensibles des écoles, crèches, garderie, lieux de culte en lien avec le plan Vigipirate par exemple…)
✓ Quelle sont les obligations du citoyen en cas de non entretien des plantes ? Est-ce que le permis est retiré immédiatement au citoyen jardinier au bout de 2 ou 3 rappels par les services techniques de la Ville ?
✓ Avez-vous prévu toutes les éventualités en termes de responsabilité pour protéger à la fois le citoyen volontaire et la Ville de tout problème ? Les trous de tarière avec une misérable plante à l’intérieur, grillagée, tels que vous nous les montrez dans le diaporama allient le ridicule et la dangerosité. Des chevilles et des poignets cassés en seront certainement la rançon ! Si une bordure est responsable d’une chute d’un piéton voire d’une personne mal-voyante, qui est responsable : le citoyen-jardinier ou la Ville ? A-t-on travaillé ce dossier en amont avec les associations de malvoyants concernées ? Dans le cas où l’installation des plantes entraînerait l’apparition d’abeilles, de guêpes ou d’insectes qui pourraient piquer certains passants dans la rue ou les voisins, qui est responsable d’une éventuelle réclamation ?
✓ A Paris, une durée maximale de 1 mois a été fixée pour l’étude technique de faisabilité, sauf cas exceptionnels comme la nécessité d’une ouverture de fouille archéologique. Pourquoi ne pas en fixer une à Périgueux pour accélérer le processus de végétalisation de la Ville et ne pas rebuter les citoyens volontaires par la longueur d’une démarche administrative? (cf. charte de végétalisation de la Ville de Paris : https://cdn.paris.fr/paris/2020/05/26/a7b98ecefa0298c64baff82050978298.pdf)
✓ Par ailleurs, un point essentiel, avez-vous chiffré cette politique verte ? Ce sont trop de questionnements et de réponses manquantes qui auraient dû accompagner ce power-point en annexe de cette DM trop vite expédiée. Certaines images y sont séduisantes car destinées aux habitants et permettraient probablement à un étudiant écologue de se voir attribuer une note de 6/20 mais pas suffisantes pour aider les élus d’une ville à un choix réfléchi.
Compte tenu de la trop faible technicité et du peu d’expertise proposée, nous demandons à chacun d’entre vous de voter un report de cette décision de quelques mois de façon à être prêts à planter, dans un an, pour la prochaine Sainte-Catherine.
Je vous remercie de votre attention.
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