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Naissance d'un blog politique

Pourquoi créer un blog, pourquoi y parler de construction et de prospective et y évoquer le « conflit constructif » ?


Sur la forme


Citons Clothilde RIPPOUL, présidente et fondatrice de l’Association Nationale des Elus d’Opposition, qui pointe que les élus d’opposition sont « dans un territoire perdu de la démocratie, ils n’ont ni les moyens, ni le temps de travailler sur les délibérations proposées au vote ». Cela tient compte de l’envoi des convocations et des délibérations dans le délai très court de cinq jours francs (CGCT). Il peut en résulter un sentiment d’inutilité et de frustration. Un délai de dix jours, moins contraint aurait été préférable afin de permettre aux élus de préparer leurs interventions dans de bonnes conditions et de manière coordonnée.

Il convient de nuancer ce propos car il n’est pas, ici, seulement question de moyens et de temps, mais aussi d’implication personnelle de l’élu et de son abnégation à travailler ses dossiers. La lassitude peut parfois s’expliquer dans la mesure où, dans la très grande majorité des cas, aucune des contre-propositions n’est jamais retenue et que chacun considère que le contenu initial de la délibération majoritaire a peu de chance d’être modifié. De plus la proposition ou la prise de position de l’opposant, est facilement simplifiée ou caricaturée et donc devient peu audible et moins impactante.

La nécessaire pluralité de la démocratie, cependant compensée par un mode électif des conseillers municipaux par scrutin proportionnel de liste à deux tours avec une prime majoritaire accordée à la liste arrivée en tête, fait que le groupe minoritaire est peu visible et sous représenté. Ici à Périgueux, en 2020, la majorité actuelle est élue avec 3 170 voix, soit 40.5% des votes exprimés et l’opposition désunie lors du scrutin du deuxième tour perd avec pourtant les voix totalisées de près de 60% des électeurs qui se sont exprimés (seulement 43% d’exprimés sur près de 18 000 inscrits)!

Un point intéressant et notable est que le pouvoir d’interpellation d’un élu d’opposition est souvent supérieur à celui d’un élu de la majorité souvent cantonné au silence par les obligations de solidarité et de collégialité au sein de son équipe. La retransmission en direct sur les réseaux permet de défendre son propos aux yeux de ceux qui suivent les débats du conseil municipal, à la condition que le déroulé de sa démonstration soit suffisamment, condensée, fluide et non interrompue.

Il apparait que si un élu souhaite développer des éléments à charge ou à décharge pour alimenter la réflexion et la discussion sur une proposition de délibération, il aura, certes, le temps de le faire dans les dix minutes qui lui sont imparties mais il perdra rapidement ses auditeurs si la démonstration dépasse une à deux minutes. Nos électeurs sont pourtant majeurs, aiment la controverse et la rhétorique. Il est donc utile de travailler le fond du raisonnement et de développer un propos de manière argumentée en s’appuyant sur des textes de loi, des rapports d’expert ou ceux de la Chambre Régionale des Comptes, des iconographies, des courbes statistiques et d’autres éléments visuels qui nécessitent un support autre que la voix. Ces éléments seront utiles tout à la fois à nos concitoyens curieux du fait municipal et à la presse qui aura ainsi des supports tangibles et documentés.

A ce jour, ce support, pour nous, n’existait pas. Il nous semblait essentiel d’informer ceux de nos citoyens les plus curieux et attentifs à la vie de notre cité, en évitant le plus possible les réactions « à chaud », les invectives, les propos cinglants ou les raccourcis caricaturaux. Du moins c’est notre gageure.


Sur le fond


Etienne KLEIN, physicien disait « Le progrès, c’est accepter de sacrifier du présent personnel pour fabriquer du futur collectif » ou dit autrement, de manière humoristique par Jean-Claude JUNCKER, ancien Premier Ministre Luxembourgeois et Président de la Commission Européenne « Nous savons tous ce qu’il faut faire. Ce que nous ne savons pas, c’est comment être réélus si nous le faisons ».

C’est exactement ce auquel est confronté l’actuel Président du SMD3 en Dordogne, qui au-delà de contingences techniques et sociales non réglées et difficiles à accepter, à juste titre, par nos concitoyens, a le courage d’affronter l’ire publique sur les conséquences d’une loi, certainement nécessaire, mais votée par d’autres en d’autres temps, et non uniformisée quant à son application sur le territoire national. Elle s’impose à nous tous collectivement mais aussi, de fait, à lui maintenant, au risque de lui noircir tout avenir politique tant les critiques sont vives.

L’élimination de nos déchets, est l’exemple même d’une problématique bien identifiée, travaillée en amont par les ministères, mais jamais partagée localement par les politiques, les partenaires sociaux les associations et les citoyens.

Une autre « bombe à retardement », plus nationale celle-là, gérée bien différemment car non anticipée en haut lieu, voire aggravée encore aujourd’hui par des mesures contre-productives et inadaptées, est celle de la désertification médicale, connue et annoncée par les professionnels de la santé depuis 40 ans mais jamais travaillée, ni par l’Etat, ni par le législateur, ni par ces « usines à gaz » que sont devenues nos ARS.

Une vision courageuse est nécessaire à l’élu pour ne pas obérer le long terme au seul profit de sa popularité, ou sa réélection à court terme. C’est cette volonté exceptionnelle qui impose le respect quand il doit faire accepter un projet dont il est assuré de ne pas en voir les résultats positifs mais seulement les difficultés actuelles au prix parfois d’investissements couteux qui pèseront sur ses prochains budgets avec le risque de ne pas satisfaire d’autres demandes pressantes de ses administrés. Cette clairvoyance est précieuse mais rarement valorisée ou, tardivement, après le départ ou le décès de l’intéressé.

L’élu gestionnaire doit savoir identifier les problématiques. Sa difficulté réside dans le fait de les faire partager et de savoir générer un consensus pour y remédier. Il n’est pas seulement là pour animer le débat, s’entourer d’innombrables études pertinentes ou non, originales ou copier-coller, toujours couteuses, mais sera attendu et jugé sur les décisions qu’il prendra, ou ne prendra pas. Intervient alors, sa capacité d’écoute qui doit lui permettre d’entendre les nombreux avis de sa majorité mais aussi de son opposition qui peuvent lui apporter des nouveaux éléments, une contradiction intéressante, un regard différent.

Le rôle d’une opposition c’est de réussir à savoir applaudir quand le projet est bon pour la ville et de faire entendre ses arguments contradictoires quand le projet ou la décision, surtout sur le long terme, risquent d’impacter durablement les finances, l’attractivité, les équilibres urbanistiques, l’accès égalitaire des citoyens au service ou reste trop incertain dans un monde en constante évolution.

Mary Parker FOLLET, philosophe, pionnière en management, au XIXème siècle, parlait dans son travail portant sur la gestion des conflits et la compréhension contradictoire du fait politique, de « conflits constructifs » : c’est bien à cela que doit servir une opposition. C’est une façon d’appréhender la politique que savent bien faire les pays nordiques. Nous en sommes loin, ici sur notre territoire.

La confrontation des deux blocs, majorité et opposition, est riche, souvent signifiante et assez marquée politiquement sur des projets à court et moyen terme. C’est compréhensible et émane du choix des électeurs souverains. En arrière-plan, l‘enjeu est aussi de gagner les élections suivantes ce d’autant que, sur cette temporalité, ce seront plutôt des sujets en lien avec l’évènementiel ou avec de forts contenus émotionnels ou clivants qui seront évoqués.

Sur des projets à long termes, nécessitant des investissements lourds, le conflit, s’il perdure, s’avèrera stérile et diluera le fond au profit de la forme et de l’image, rendant tout avancée difficile voire impossible. Par contamination de proximité il retentira sur l’ensemble des projets contigus qui s’en trouveront affectés et ralentis. Cela est typique d’une volonté stratégique et politique, que l’on pourrait qualifier de dogmatique ou sectaire, qui reste très dommageable en termes d’efficacité globale de l’action publique. C’est le risque aujourd’hui à Périgueux avec l’enlisement progressif d’Action Cœur de Ville qui nécessite pourtant un travail conjoint de l’Agglomération et des deux communes concernées.

L’intelligence collective largement trans partisane, est nécessaire pour mener à bien une prospective avant toute action publique de long terme. C’est l’unique ressource positive pour dessiner des avenirs possibles. Elle reste fortement attachée à la personnalité de l’élu gestionnaire de la structure, à sa connaissance technique du dossier et du territoire, à son potentiel d’empathie, sa capacité de synthèse et d’écoute, sa clairvoyance.

C’est bien dans cette dynamique de travail constructif, rigoureux et, nous l’espérons audacieux, que ce travail de fond est proposé. Une étude détaillée et fouillée de toute délibération du conseil municipal impactante pour la ville-centre. Un recueil de données étayé pour une information factuelle de nos concitoyens sur les sujets les plus importants. Une anticipation des projets à moyen et long terme. La veille sur des projets structurants proposés mais qui ne seraient pas assez étudiés pour être matures. Une capacité à travailler en lien étroit avec l’EPCI du Grand Périgueux qui est l’instrument de tout investissement fort, dans les compétences qui sont les siennes, mais qui sont incontournables pour le développement de notre commune. Une vigilance attentive, notamment juridique, sur des approximations dans les textes proposés voire éventuellement sur des financements présentés.

Nous tenterons par ce blog d’être le plus transversal et le plus objectif possible. Il ne sera pas ouvert aux commentaires des lecteurs, pour éviter des anathèmes, échanges improductifs ou espace de défoulement… Un courriel de contact permettra cependant à ceux qui le souhaitent, d’apporter à l’auteur leurs remarques constructives ou leurs contributions.



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