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Plus de ticket de caisse, bonne ou mauvaise idée pour la planète?

C'est exactement le sujet qui provoque des controverses et qui induit chez l'acheteur un climat de suspicion sur la finalité de cette "bonne" idée.

Les informations jusque là obligatoires de nos tickets de caisse

La justification de l'abandon

Chaque année, 30 milliards de tickets de caisse sont imprimés automatiquement. Ainsi, au 1er aout 2023, ce sont donc plusieurs types de tickets de caisse qui ne seront plus imprimés automatiquement.

Extrait article Journal Sud Ouest 29 juillet 2023

Voici la liste complète :

  • Les tickets de caisse distribués en commerce

  • Les tickets imprimés par des automates

  • Les tickets de carte bancaire

  • Les bons d’achat et tickets promotionnels

Il vous sera toujours possible d’obtenir ces tickets en en faisant la demande au commerçant caisse pour vérifier le prix de vos courses et faire vos comptes.

En revanche, certains tickets seront toujours imprimés automatiquement. Les voici :

  • Les tickets de caisse pour les produits « durables » indiquant la durée de la garantie légale de conformité, par exemple les smartphones, appareils électroménagers ou équipements informatiques

  • Les tickets de carte bancaire dans le cadre d’un échec de paiement

  • Les tickets émis par des automates obligatoires pour bénéficier d’un produit ou d’un service

  • Les tickets de caisse imprimés par des appareils de pesage non automatiques

Une mesure prise par le gouvernement pour des raisons écologiques, mais dont les résultats restent incertains.

Plusieurs arguments sont alors mis en avant pour justifier cette loi.

  • L’un d’eux est sanitaire. Car si aujourd’hui les tickets ne comportent plus de bisphénol A, ses substituts que sont le bisphénol F et S sont soupçonnés d’être également des perturbateurs endocriniens.

  • L’autre argument est d’ordre écologique. Ce sont 150 000 tonnes de papier et des milliards de litres d’eau qui sont utilisées chaque année en France pour des tickets de caisse, d’après Bercy.

La controverse

Sur le ticket numérique:

ADEME Capture d’écran du rapport de l’ADEME « La face cachée du numérique », datant de janvier 2021

Depuis quelques années, plusieurs enseignes proposent une alternative au ticket de caisse papier : le ticket de caisse numérique ou « e-ticket ».

Par exemple, depuis 2018 chez Decathlon, lorsque vous passez en caisse, les personnes détentrices d’un compte fidélité peuvent recevoir leur ticket par courriel ou sur leur compte client.

À première vue, cette dématérialisation du ticket de caisse paraît être une bonne idée, mais la réalité est plus complexe. Bien que ce ne soit pas physiquement perceptible dans la vie de tous les jours, le numérique a aussi un transfert d’impact sur l’environnement.

« Ordinateur, box ADSL, routeurs, câbles, serveurs, unités de stockage, équipements de télécommunication : les équipements sollicités sont bien réels. Tout comme les consommations d’énergie et de ressources non renouvelables pour les fabriquer et les faire fonctionner », explique un rapport de l’ADEME datant de janvier 2021.

De même, UFC-Que choisir estime également que « d’un point de vue écologique, cette mesure est largement contestable ». En effet, l’association rappelle que l’impression de ticket de caisse émet moins de gaz à effet de serre que son alternative dématérialisée. C’est aussi l’avis du collectif GreenIT, un ticket dématérialisé rejetterait dans l’atmosphère 2 grammes d’équivalent Co2 de plus qu’un ticket imprimé, car sa transmission et son stockage dans un centre de données sont coûteux en énergie.


Sur les droits du consommateurs

  • UFC- Que choisir craint également que les droits des consommateurs reculent avec cette loi, notamment car les tickets de caisse sont essentiels pour obtenir réparation, remplacement et autres promotions. Le client n'aura t'il pas besoin d’un justificatif ou une facture en cas d’achat de vêtements, bijoux, de petit électroménager en cas de vol ou d’incendie à son domicile ?

  • L’association soulève la question du droit à la vie privée, à travers les données personnelles recueillies chez l’acheteur. À ce titre, rappelons que les solutions dématérialisées devront se soumettre à la réglementation européenne, et devront de fait obtenir au préalable l’autorisation de l’utilisateur.

  • La juste facturation. De plus comment chaque consommateur pourra être certain que ce qu’il a dans son caddie ou son sac à la sortie du commerce correspond bien à ce qui lui a été facturé.

Sur une dérive promotionnelle potentiellement abusive

Mais en filigrane, les tickets dématérialisés sont une nouvelle opportunité de faire du « ciblage » grâce aux données personnelles récoltées, craint Ralph Roggenbuck, juriste au Centre européen de la consommation.

Concrètement, le client en caisse pourra se voir proposer de donner ses coordonnées, son nom, son mail, voire son numéro de téléphone et son adresse, pour recevoir un récapitulatif de ses achats dans sa boîte mail ou sur son compte personnel dans chaque enseigne.

De nombreux grands distributeurs comme Carrefour ou Système U le proposent déjà. D’ailleurs, 70 % du chiffre d’affaires des enseignes de l’alimentaire est déjà relié à des clients identifiés grâce au système de fidélité, selon Jean-Michel Chanavas, délégué général de Mercatel, une association professionnelle spécialiste des questions liées au paiement.

Une dizaine de jeunes entreprises y ont trouvé un nouveau créneau comme Limpidius, Zerosix, Yavin… Elles proposent à des commerçants d’envoyer ces tickets dématérialisés à leurs clients, en lien avec les logiciels de caisse et parfois de concevoir leur mise en forme.

La loi anti-gaspillage est une « aubaine formidable » pour les commerçants, assurent certaines de ces entreprises intermédiaires sur leurs sites internet. Elles y vantent les mérites économiques et environnementaux de ces tickets numériques, mais aussi leur intérêt marketing, de façon « totalement décomplexée », remarque Lionel Maugain, du magazine 60 Millions de Consommateurs.

Juridiquement, ce recueil de données est légal. Le risque, c’est que le consentement des clients ne soit pas recueilli de façon claire. Pour qu’un commerçant profite de ces données pour un usage différent, pour envoyer par exemple de la publicité, il doit s’assurer que le client l’accepte par écrit, en cochant une par une, les cases correspondant aux différentes utilisations de sess données.


Pourtant, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) est claire : la dématérialisation de tickets de caisse ne saurait justifier « d’autres finalités, notamment de prospection commerciale », indiquait l’institution dans son Livre blanc sur les données et moyens de paiement publié en octobre 2021.

Reste à savoir comment récolter le consentement sans rallonger les files d’attente en caisse. La procédure (orale ou écrite) reste floue et les professionnels sont toujours en attente du décret d’application de la loi anti-gaspillage.

Pour éviter ce temps d’attente, la start-up Yavin propose aux enseignes de reconnaître la carte bancaire des clients («avec leur accord »), pour qu’à l’avenir, ils puissent recevoir systématiquement leurs tickets de caisse par mail.

Sa potentielle concurrente KillBills souhaite réduire encore ce délai en permettant l’envoi du relevé d’achats directement sur l’espace client bancaire, moyennant simplement une transaction par carte bancaire. « Dans ce cas, les enseignes ne récupèrent aucune coordonnée des clients et ne peuvent pas les contacter de façon intempestive », assure Sid-Ahmed Chikh-Bled, son cofondateur.

Quoi qu’il en soit, ces données, mêmes anonymisées, restent une « mine d’or » pour analyser les comportements des consommateurs, certifie la Cnil.

 

A titre d'information, le poids global du numérique dans l'émission de Gaz à Effet de Serre.

 

Pour compléter ce post, car il va dans le même sens, je vous joins, à postériori, ce très intéressant article de Martin Bernier qui a interviewé Guillaume Pitron, article publié le 23 aout 2023 dans Le Figaro qui pourrait se résumer dans cette phrase:

"Cela fait 5 000 ans que l'on ne dématérialise rien du tout mais qu'on matérialise autrement"




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