Balade, à la fois patrimoniale, historique et environnementale avec de magnifiques paysages de falaises rocheuses de calcaires crétacés puis jurassiques, couvertes de chênes et de châtaigniers sur la rive droite, parois plus dures sur lesquelles la rivière est venue se heurter depuis des millénaires.
En provenance des contreforts du Massif-Central, née près d'un autre Camp de César, à Saint-Germain-les-Belles en Haute-Vienne, elle sinue au fond d'une vallée devenue plus calme que ses sauts endiablés dans les gorges de Saint-Mesmin et dessine de larges méandres apaisés, soulignés par des rangées de peupliers et des champs cultivés.
Ces conditions géologiques particulières déterminent une vaste région basse et plane, propice à la mise en valeur agricole. À la hauteur du Change, l'Auvézère est profondément encaissée dans le substrat calcaire. Les rives concaves du cours d'eau viennent s'appuyer contre de puissants abrupts, ayant servis autrefois d'escarpements défensifs, dont les pentes raides dominent la rivière d'une hauteur de 50 à 80 mètres.
Notre randonnée, d'une longueur de 10 kilomètres environ est facile mais il existe cependant un dénivelé de 230 m sur la fin qui a vite fait d'essouffler le promeneur non averti. Allez, 3h00 en flânant...
Le Change est un magnifique petit village, qui fait partie de la commune de Bassillac et Auberoche, à vingt minutes du centre de Périgueux. Situé au bord de l'Auvézère, il était autrefois parsemé de moulins, on en comptait pas moins de 7 au XVIIIème siècle. On y trouve plusieurs sentiers de randonnée.
Le centre historique du bourg (dont une partie est classée) et ses alentours proches sont riches d’un patrimoine intéressant, souvent privé, comme le Château de Banne, le Château de la Sandre, le Château de la Faurie, la Maison de Malesse, le Château de la Sandre, les vestiges du Château d’Auberoche sur son promontoire rocheux, dont il ne reste que la Chapelle Saint Michel d'Auberoche du XIIème siècle - classée au titre des monuments historiques depuis 1960 - et un pigeonnier sur la placette du village.
Le castrum d'Auberoche se situait sur la commune du Change, bien centré au cœur même du territoire de cette ancienne paroisse. Il occupait un site élevé et escarpé au-dessus de la vallée de l'Auvézère, sur l'extrême bordure du causse périgordin.
En direction d’Hautefort, sur la Départementale 5 à Le Change à hauteur du camping, en face de La Chapelle d’Auberoche, il suffit de tourner à droite pour apercevoir une "vigie" visible au dessus des arbres, marquant un imposant bâtiment, puis sa grille d'entrée fermée avec des cadenas.
Sur les terres, un chai en ruine atteste la présence de vignes mais la fin du XIXe siècle a été marquée par la crise du phylloxera, parasite apporté des Etats-Unis qui a détruit en quelques années, une grande partie du vignoble français.
Construit en 1864, le château du Roc, derrière ses grilles et ses haies majestueuses de lilas, devenu par son dernier acquéreur du Roc-Chautru apparait au milieu d’un vaste parc non entretenu avec des arbres centaines dont de majestueux cèdres du Liban.
Une grande bâtisse carrée, entourée d’une terrasse à laquelle on peut accéder par un escalier à double révolution. Le château s‘élève sur trois niveaux largement ouverts par de grandes fenêtres rectangulaires toutes occultées par des volets. Les fenêtres du dernier étage, sont plus réduites et l’ensemble est coiffé d’un toit mansardé en ardoise, surmonté du fameux clocheton vitré, idéal pour observer les étoiles.
Le château accueille, en 1941, la Croix-Rouge Polonaise, puis en 1942 il sera évacué pour y interner les juifs victimes des rafles du gouvernement de Vichy.
Bousquet s'étant engagé à transférer aux Allemands 10 000 juifs «apatrides» résidant en zone non occupée, c’est le 26 Août 1942 que la police française procède à une première rafle en Dordogne. Ce sera le même calvaire que vivront quelques mois plus tard, en février 1943, les 70 personnes juives arrêtées lors des rafles d'hiver et internées au gymnase Sécrétat à Périgueux. Deux centres, en 1942, seront aménagés dans la plus grande hâte en Dordogne à Saint-Pardoux-la-Rivière et au château du Roc, au Change. Pour rendre visible cette tragédie, une stèle commémorative est installée et régulièrement fleurie.
À la Libération, ironie de l'Histoire, ou juste compensation, le château servira paradoxalement de lieu d’accueil pour les juifs avant leur installation en Palestine... Puis, c'est ainsi qu'après la seconde guerre mondiale, il devient un lieu de vacances, à l'initiative de juifs communistes, pour les enfants des déportés, fusillés, ou disparus.
Le château Le Roc sera racheté dans les années 90 par Paul Chautru d’où son nouveau nom de Roc-Chautru. Le propriétaire y fit d'importants travaux d’aménagement intérieurs, pour le transformer en un hôtel de standing. Nous n'avons pas d'information sur ce qui est advenu alors.
Encore en vente aujourd'hui et ce depuis des décennies... Sur sa grille d'entrée, un numéro de téléphone peu visible est griffonné sur un écriteau en carton dont l'indicatif semble indiquer un pays de l'Europe de l'Est... Vous pouvez toujours essayer de faire une proposition de prix!.
Poursuivons notre chemin bucolique avec ces quelques instantanés de notre promenade.
Un dernier regard à l'Auvezère, la petite sœur de l'Isle, une des plus belles rivières du Périgord avec le Céou qui se jette, lui, dans la Dordogne, certains, chauvins, diront de France, en tous cas la plus adaptée, dans sa partie haute, pour la pratique sportive du canoë et du kayak.
Elle nous vient, parfois fougueuse, parfois endormie, du plateau de Millevaches puis passant par les forges de Savignac-Ledrier, elle s'engouffre dans les gorges de Saint-Mesmin, prend de la vitesse puis se prélasse ensuite au Pervendoux et rejoint tranquillement l'Isle à Antonne au Gué-Rède en aval du Change.
Lumineuse Auvézère sur laquelle se mirent aujourd'hui les nuages, il est temps de rentrer!
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