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Un débat réouvert par Floran Vadillo, celui des statistiques ethniques

En écho aux discussions parlementaires sur la loi immigration, je ne peux que vous inviter à écouter Floran Vadillo*, dans une intervention brillante, comme à son habitude, sur Public Sénat, dans l'émission "Sens Public" il y a quelques jours. Il lance l'idée assez osée de la possible pertinence de produire des statistiques ethniques pour démonter l'idée que ce ne sont pas forcément ceux qui sont d'origines culturelles différentes qui sont responsables de plus de délinquance en France, ou en tous cas, d'avoir des chiffres opposables dans un sens ou dans l'autre!


*Docteur en science politique, Chercheur associé à l’IRM (université de Bordeaux), Enseignant à Sciences Po, Conseiller Municipal à Périgueux et Communautaire à Grand Périgueux


On peut se poser effectivement la question même si nous avons déjà beaucoup de réponses sans utiliser cet outil contestable et forcément polémique.

Mon sentiment personnel est que ces statistiques seront en elles-mêmes forcément stigmatisantes. Pourquoi pas se demander si le pourcentage d'agresseurs est plus important chez les blonds, les bruns ou les rouquins?

Par contre je suis en désaccord avec le contenu de son post retranscris ci-dessous qui n'est plus aussi équilibré que ses propos dans l'émission et qui stigmatise la droite comme persuadée que ses grilles de lecture sont forcément copiées collées sur celles du RN. Ce n'est pas mon analyse et cela stigmatise des propos de certains dirigeants sur un sujet complexe et qui mérite une analyse plus fine et apaisée.

Hier soir, sur le plateau de Public Sénat, j'ai eu l'occasion de revenir sur le meurtre du jeune Thomas à Crépol et la récupération politique qui en faite


Au-delà du drame humain, on s'aperçoit que la droite que l'on appelait républicaine a définitivement fait siens les mots et grilles de lecture de l'extrême-droite. Adhésion intellectuelle ou course aux voix? Les deux options sont pitoyables.


Le débat est volontairement biaisé sur une perception spontanéiste pour lier immigration et délinquance et, surtout, maghrébins et délinquance. Le JDD, en publiant le prénom des agresseurs présumés, joue sa partition.



Au regard de ces conditions tronquées du débat public et de leurs conséquences persistantes dans l'opinion publique, la question se pose de statistiques dites ethniques afin d'objectiver des faits et, surtout, de battre en brèche l'imaginaire raciste. Longtemps écartées pour de bonnes raisons (Vichy, risque de communautarisme, essentialisation de l'extranéité passée ou récente), le débat mérite d'être conduit, quitte à écarter cette hypothèse.



La question des statistiques ethniques revient depuis vingt ans dans l’actualité.


Au nom de la conception « indivisible » de la nationalité, la France refuse de réaliser, comme le font des pays anglo-saxons, de vastes enquêtes qui interrogent les citoyens à partir d’un référentiel ethno-racial : est-ce qu’ils s’autodéfinissent comme noir, blanc ou autres. Ce procédé conduit d’une part à assigner les personnes à une identité, et d’autre part à découper la population en catégories pour introduire ensuite des logiques de quotas.


Mais en s’y refusant, la France est accusée d’ignorer la réalité des discriminations.


Elle a donc développé, dans les grandes enquêtes institutionnelles (Ined et Insee), des outils permettant de renseigner sur les origines. La Constitution n’interdit pas de telles pratiques mais elles sont très rigoureusement encadrées (contrôle de la Cnil, information et volontariat des répondants, etc...). Le débat est régulièrement relancé sur le fait de savoir si ce dispositif est suffisant, ou s’il faut aller plus loin.


A propos de l'immigration: « Il nous appartient en tant que Nation de dire qui nous sommes et qui nous voulons accepter sur notre territoire. Ce choix doit être fait par nous. Consciemment. Démocratiquement. La démocratie, c’est le débat éclairé. Or, notre pays crève des non-dits en matière d’immigration » disait courageusement Edouard Philippe dans un interview à l’Express en mai 2023. Courageusement, car dans cet univers de faux-semblants, certains mots ou certaines critiques, en France, ne peuvent plus être prononcés au risque d’être affublés d’une étiquette de « réactionnaire » et vilipendés par des « progressistes de gauche » prônant la « déconstruction » et « l’islamo gauchisme ».


Il citait l’exemple de l’Île-de-France, mais il aurait pu parler du sud-est de la France, et soulignait que « l’immigration fait peser une charge importante sur nos services publics (hôpital, école, logement d’urgence, préfectures, tribunaux...). Certains services publics et piliers de notre Etat « providence » fonctionnent moins bien à cause de cette charge accrue."


"De plus - disait-il, et c'est cette phrase qui a son importance dans cette publication- on constate une surreprésentation des faits de délinquance dans la population étrangère, notamment en situation illégale ».



Ces populations d’origines extérieures à notre territoire, parfois introduites par des réseaux de passeurs plus ou moins opaques, ne peuvent tout attendre d’une manne sociale trop généreuse. Si leur arrivée est légale, leur intégration respectueuse sera au prix de l’engagement d’un investissement collectif au service de leur nouveau pays.


Cette notion de sur représentation de la délinquance dans les populations immigrées mérite un développement plus complet.


Les destinées judiciaires ou le lien entre délinquance, discrimination et immigration

En 2020 sur 670 00 condamnations judicaires (crimes, délits, contraventions), 82 000 concernaient des étrangers, soit effectivement 16%, et en termes d’emprisonnement, cela représentait 21% des personnes écouées. Les 8% d’étrangers sont bien en surreprésentation sur cette statistique. C’est, pour certains politiques, une condamnation sans appel.


Mais ce n’est pas aussi simple car ce sont, pour la plupart, des infractions relatives à la police des étrangers et liées à la régularité même du séjour, et aussi des vols simples et des atteintes aux biens.

Les étrangers sont sous représentés dans les affaires plus graves (infraction à caractère sexuel, violences et autres atteintes aux personnes, vols aggravés).

Il s’agit pour l’essentiel d’une "petite délinquance de survie", en lien avec l’inemploi et le paupérisme. Ce sont ces infractions qui ont justement le taux d’élucidation le plus élevé et qui représentent une délinquance dite « du pauvre » liées à la dégradation de la situation de certains quartiers périurbains. Il existe une corrélation avérée, selon l’Institut de Converges Migrations, affilié au CNRS, entre les types de délits commis et les conditions socio-économiques.

Les immigrés et leurs descendants sont surtout présents dans ce type de délinquance très visible et la plus facilement réprimée par la police et la justice.

Des biais dans ces analyses.

La méthode de calcul assimile dans les 8%, à la fois les étrangers en situation régulière et ceux qui ne le sont pas. Pour connaitre la délinquance du fait des étrangers devraient n'y être intégrés que les étrangers légaux Devraient être exclus les étrangers en transit ou en situation irrégulière.

La discrimination systémique fait que, de plus, les étrangers sont plus souvent contrôlés « au faciès » que le reste de la population, par excès de vigilance, représentations racistes, et sont surreprésentés dans les personnes interpellées. Le placement en détention provisoire ou en garde à vue, entraine, chiffres à l’appui, une condamnation plus sévère à délit équivalent.

Un rapport de l’Alliance de Recherche sur les Discriminations, en 2013, montre qu’une personne née à l’étranger, voit son risque de comparution immédiate multiplié par 2, de détention provisoire multiplié par 5 et de condamnation à la prison ferme multiplié par 8… par rapport à un autochtone.

« Cette carence de preuves d’insertion sociale, professionnelle ou familiale semble jouer en défaveur des étrangers », mais ces constats pourraient être étendu aussi aux chômeurs ou aux SDF.



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