Par suite de la délibération intéressante, discutée et votée à l’unanimité sur l’acquisition d’une importante zone de foncier à visée écologique pour le Grand Périgueux, deux questions ont été posées. Les mesures ERC et la protection du site.
Orchis guerrier ou orchis militaire (ci-dessus)
Crapaud sonneur à ventre jaune (ci-dessous)
A l’écoute du Conseil communautaire de jeudi, les téléspectateurs ont pu entendre parler de « mesures de compensation » ou ERC pour donner suite au projet d’acquérir prochainement aux enchères 158 hectares de terrains, d’un seul tenant, sur le territoire des communes de Biras, Château-L’Evêque et Agonac.
Cette acquisition, si elle était actée, permettrait de sanctuariser un grand espace de notre territoire et de le laisser évoluer de manière naturelle ou en intervenant de manière ponctuelle, à la marge pour favoriser le développement de la biodiversité.
C’est une expérience intéressante et assez inédite pour un EPCI, celui de la volonté de « ré-ensauvagement » d’une partie de son territoire, à visée de préservation, et d’études environnementales comme pour le Château de Randal Plunkett (Irlande), où on laisse la nature reprendre ses droits.
Ce site abrite des espaces rares dont le fameux crapaud sonneur à ventre jaune, la grenouille agile, l’orchidée militaire…
Nous avions déjà évoqué le sujet des forêts à préserver dans un post publié il y a 1 mois, tant le sujet des coupes rases nous préoccupe, particulièrement sur ce même secteur :
https://www.michelcadet.fr/post/stop-aux-coupes-rase-et-pr%C3%A9servons-notre-for%C3%AAt
La délibération n°12 du Conseil Communautaire évoque cependant un espace de compensation pour d’autres fonciers à aménager pour du développent économique ou de l’habitat.
Il est bien entendu que pour maintenir la viabilité économique et l’attractivité de nos communes, ce volet du développement « moins environnemental » est absolument nécessaire. Il ne me semble pas faire débat.
Cependant de nombreuses friches existent déjà et il n’est pas forcément, partout, nécessaire de créer de nouvelles zones d’artificialisation des sols, d’empiéter par des activités commerciales sur les surfaces agricoles. La préservation des commerces de proximité, le développement économique de nos territoires longtemps oubliés restent indispensable pourtant à nos collectivités.
Le Grand Périgueux a d’ailleurs fait le choix d’avoir un directeur général adjoint tout à la fois chargé de l’attractivité, de la cohésion, de l’environnement et du développement territorial.
Explication : qu’est-ce que la séquence ERC ?
https://www.erc-nouvelle-aquitaine.fr/
La séquence ERC est une démarche réglementaire d’action préventive et de correction des risques d’atteintes à l’environnement, reposant sur une hiérarchie en 3 étapes :
· Tout d’abord, Eviter au maximum les impacts d’un projet d’aménagement,
· Ensuite, Réduire les impacts n’ayant pu être évités,
· Enfin, Compenser les impacts n’ayant pu être ni évités ni réduits (impacts « résiduels »).
La séquence ERC s’applique aux projets d’aménagement, aux plans et aux programmes, et vise toutes les composantes de l’environnement (air, sol, eau, biodiversité – en pratique, elle est principalement employée dans le champ de la biodiversité-).
Depuis la loi Biodiversité (2016), elle s’inscrit dans une obligation de résultats (« absence de perte nette de biodiversité »)
Le bilan écologique de la séquence ERC (CGDD 2017)
La controverse :
Protection du site;
Il a été évoqué la protection du site pour éviter dégradations et accidents. Outre le cout important et irréaliste de grillager 158 hectares pour limiter l’accès au site et éviter de potentielles dégradations et mises en danger des visiteurs, il semble nécessaire de se mettre en conformité avec la loi n° 2023-54 du 2 février 2023 visant à limiter l' «engrillagement » des espaces naturels et à protéger la propriété privée
Peut-être suffirait-il de protéger les pièces d’eau ou de simplement installer une signalisation au périmètre de la zone.
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