top of page

Et vous, arrivez-vous à maintenir votre vitesse en ville en dessous des 30 km/h?

  • Photo du rédacteur: Michel CADET
    Michel CADET
  • 2 avr.
  • 6 min de lecture
RESUME: Bien que la limitation à 30 km/h soit justifiée par des préoccupations de sécurité individuelle des différents usagers de nos rues, il semble que ses effets non prouvés sur la pollution, la nette majoration des nuisances sonores constatée, la difficulté technique de stabiliser sa vitesse à un seuil très bas avec l’attention du conducteur que cela requière, l’absence de fluidité du trafic du fait de chicanes et de ralentisseurs trop nombreux, la conséquence sur l’autorisation du double sens de circulation cyclable mettant en danger le cycliste, soulèvent des questions quant à son efficacité et à sa pertinence, faute d’études approfondies et contradictoires. 

Notre individualisme forcené nous conduit à ignorer l’autre. Quand ce n’est pas à le percevoir comme un gêneur! Ostracisme automobiliste-cycliste et cycliste-piéton et pourtant nous sommes tous, tantôt l'un tantôt l'autre. C'est comme s’il existait une hiérarchie d’usagers. Sur les vélos, les "prolétaires" de la route et dans les grosses citadines, les "aristocrates". Une "xénophobie" et une stigmatisation du moyen de transport mais aussi une parcellisation des espaces publics qui reviennent, in fine, à la ségrégation des modes de transport et d’usagers (chacun ses axes de circulation) et à des prises de décisions politiques non nuancées au risque d'être dogmatiques.


© Crédit photo Sud-Ouest : Philippe Greiller
© Crédit photo Sud-Ouest : Philippe Greiller

Aujourd'hui, traitons le sujet forcément un peu polémique des 30 km/h généralisés en ville.

De nombreux élus ne veulent plus de voitures en ville. Une bonne idée? . Pourquoi pas ! Mais ne devrions-nous pas, avant de prendre des décisions trop marquées idéologiquement, réfléchir en amont objectivement aux intérêts de habitants, aux coûts des décisions, aux conséquences positives mais aussi négatives par rapport à l'objectif souhaité. Le pour et le contre.

De plus en plus de municipalités, comme Périgueux l’a fait en 2023, ont étendu depuis plusieurs années la limitation de vitesse à 30 km/h sur la majorité de leurs rues, comme à Paris, Grenoble ou Lorient… Ces zones 30 sont souvent mises en place sans évaluation approfondie de leur efficacité ou de leur impact sur l’environnement, contrairement à des approches plus réfléchies comme en Suisse...


La voiture reste essentielle pour ceux qui habitent en dehors de la ville. La transition écologique ne pourra se faire sans les classes moyennes, les classes populaires et le monde rural. Les municipalités qui ont adopté cette limitation espèrent en réalité décourager les habitants de prendre leur voiture, et leur faire préférer les transports en commun ou le vélo. Ce sont ainsi des changements de mobilité, voulus par cette mesure, qui auront des effets significatifs sur la diminution de la pollution en ville. Une étude du Cerema d’avril 2021, pointe pourtant que le premier facteur qui influe sur les émissions de polluants n’est pas la vitesse, mais l’accélération. Un trafic congestionné, multipliant les phases d’accélération, est « bien plus émissif qu’un trafic régulier et apaisé ». Pour abaisser la pollution, l’enjeu est de fluidifier le trafic et que « mieux canaliser le transit vers certains axes lors de la réorganisation de plans de circulation par la mise en place de zones 30, y contribue notamment ».


S'il est évident que les zones 30 sont adaptées dans certaines rues (aux abords des écoles ou à proximité des zones piétonnes, par exemple), les généraliser en ville semble être une erreur. En effet, cette limitation n'est adaptée que sur des zones courtes, là où les automobilistes doivent être vigilants. Étendre les zones 30 sur de longues distances aurait pour effet de banaliser la réduction de la vitesse, qui ne serait alors plus associée pour l'automobiliste à la présence potentielle d'un danger.


De plus, en ralentissant le flux de circulation, ce sont davantage de bouchons qui se créent. Or, les bouchons constituent la situation la plus pénalisante en termes d'émissions carbone. En effet des études montrent paradoxalement, contrairement à ce qui était annoncé, que cette réduction de la vitesse augmente les nuisances sonores et la pollution, car les émissions de CO² et de NOx sont plus élevées à 30 km/h qu’à 50 km/h… Selon un rapport ATMO-Sud en 2021, portant sur cette problématique, les conclusions sont là aussi très nuancées sur le bénéfice attendu :

« L’évaluation sur la qualité de l’air des zones 30 est une question d’actualité sur laquelle il est difficile d’obtenir une étude avec une approche complète. Aujourd’hui, il est donc complexe de communiquer une information simplifiée quant à l’influence de la réduction de la vitesse sur la qualité de l’air. De nombreux facteurs entrent effectivement en compte : la vitesse de circulation réelle des véhicules, les aménagements routiers, le type de conduite individuelle et la composition du parc. En synthèse, les paramètres qui permettent d’agir significativement sur les émissions de polluants dans les centres-villes sont : la réduction du trafic routier des véhicules les plus polluants, la réduction du trafic routier dans son ensemble en permettant le transfert modal vers les transports collectifs et les modes actifs, la favorisation d’une conduite souple et apaisée pour permettre le partage de la voirie. »


De plus, cette limitation de vitesse entraîne des problèmes sur les moteurs diesels qui verront leurs filtres à particules se saturer et s'encrasser plus vite et elle oblige le conducteur à rouler sur le second rapport en surrégime, donc plus polluant, ou sur le troisième en sous-régime. D’autres mesures comme la fermeture de voies ou la réduction du nombre de places de stationnement vont aussi aggraver la circulation et la qualité de l’air, par la recherche intensive de places de parking.


La limitation de la vitesse à 30 km/h vise principalement à réduire les accidents, car un choc à 30 km/h est beaucoup moins grave qu’à 50 km/h. Le risque de décès d’un piéton en cas de choc est 6 fois plus élevé si la voiture roule à 50 km/h plutôt qu’à 30, mais n’existerait plus effectivement s’il n’y avait plus aucune de voiture... Dans cette logique, doit-on supprimer ce moyen de déplacement ?

La limitation n’éradiquera pas les comportements imprudents de certains automobilistes peu respectueux des autres usagers et à ce quelque vitesse qu’ils roulent, mais aussi des cyclistes roulant à contre-sens (le décret du 30 juillet 2008 stipule qu'en zone 30 toutes les chaussées sont à double sens pour les cyclistes) ou des piétons traversant imprudemment avec le téléphone vissé sur les oreilles.


Autre information recueillie dernièrement: les auto-écoles boudent la ville en termes de terrain d'exercice car la circulation à 30 km/h n'est pas suffisamment formatrice pour leurs élèves?. C'est une réelle perte de temps durant leur heure de cours que de traverser la ville de part en part, mais surtout, c'est que le respect normal de cette vitesse limitée entraine, chez les autres usagers, qui eux ne la respecte pas aussi strictement, des comportements paradoxaux, excédés et dangereux avec des dépassements à risque. Ces utilisateurs réguliers, comme aussi les taxis, les livreurs, les auto-écoles rencontrés auraient plutôt suggéré un entre-deux, avec une vitesse limite à 40 km/h.


La généralisation de ces zones, par la création de nombreux obstacles, chicanes ou ralentisseurs très souvent non conformes à la réglementation, engendrent aussi des problèmes pour la circulation rapide des véhicules d'urgence. Le coût de mise en place de ces zones de ralentissement reste élevé si l’on respecte les normes demandées et peut, car cela a été mesuré nationalement, engendrer un ralentissement de l’économie locale.


La population semble globalement opposée à cette généralisation, comme le montre l'échec de la pétition européenne en faveur de la limitation à 30 km/h, qui a recueilli peu de soutien. Le conducteur va bien entendu devoir mettre la main au portefeuille en cas de non-respect du 30 km/h ce qui lui vaut désormais 135 € d'amende, et un retrait d'un ou deux points sur son permis de conduire selon l'ampleur de l'excès de vitesse.


Plutôt qu’une vitesse abaissée sur toutes les routes, l’association "40 millions d’automobilistes" milite pour une adaptation des infrastructures et des aménagements routiers : des pistes cyclables sécurisées et entretenues, une meilleure visibilité des passages piétons, une synchronisation des feux tricolores qui favorise une conduite souple et régulière (plutôt que des chicanes et dos d’âne qui obligent à freiner avant et encouragent à réaccélérer après)…


A Périgueux, quelques axes structurants conservent néanmoins une vitesse à 50 km/h et ces exceptions sont indiquées avec la pose de panneaux. Il s’agit des axes d’entrée de ville, maintenant une cohérence avec les communes limitrophes mais aussi des axes routiers plus larges, offrant des perspectives en ligne droite :

  • Route d’Angoulême dans sa partie comprise entre la rue des Pêcheurs et le rond-point de la route d’Angoulême

  • Voie des Stades

  • Bretelle du Bassin

  • Allée du Port

  • Avenue Georges Pompidou dans sa partie comprise entre la rue Pierre de Coubertin et la sortie de ville Nord n°6

  • Route de Lyon entre l’immeuble portant le numéro 45 et la sortie de ville Est n°8

  • Route de la Rampinsolle entre le rond-point de la route de Bergerac et le chemin de la Maladrerie

  • Ancienne Route de Château l’Evêque entre le chemin des Veynassières et la sortie de ville Nord n°5

  • Route de Borie Petit entre le carrefour de la rue Jean Secret et la sortie de ville Nord n°14

  • Routes à grande circulation (RGC) : place Francheville, rue de la Cité et rue de Chanzy.

Enfin, à chaque intersection entre une voie à 30 km/h et une voie à 50 km/ h, des ellipses "30", peintes au sol, dans les rues concernées, viennent rappeler la vitesse à respecter de 30 km/h.


bottom of page