top of page

"Il y a 12 médecins de trop à Périgueux…"

Citation de Sébatien Peytavie, Député de la Dordogne, le 17 janvier 2023

 

LE CONSTAT: LES DERNIERS MOHICANS

 

Un état des lieux douloureux en Dordogne

Population

  • 1/3 population a plus de 60 ans,

  • Diminution de la population depuis 10 ans (manque d’attractivité, pas assez de nouveaux arrivants, décès en hausse),

  • Taux de pauvreté moyen : 25% (contre 12% en Gironde, 13% en Corrèze) et seulement 42% de ménages imposables

Soins médicaux

  • 11% des habitants, voire plus, sont sans médecin traitant

  • 1 000 médecins : 500 en activité et 500 retraités (dont 110 retraités actifs) soit 610 actifs

  • Généralistes en activité : réduction de 19% entre 2020 et 2021 Spécialistes en activité : réduction de 1,5% entre 2020 et 2021 Les médecins actifs représentaient 76,5% des médecins totaux en 2010 et 63,5% seulement en 2021

  • Entre 2010 et 2021 : réduction de 11% des libéraux, de 9,5% des mixtes et augmentation de 12,5% des médecins salariés

  • 1 250 patients/médecin en moyenne mais importantes disparités avec souvent moins 1 200 patients / jeune médecin


Une tribune inutilement polémique et des affirmations erronées

Le 07 janvier dernier, une quarantaine de députés signaient une tribune dans le Journal du Dimanche, dont nos députés de la 3ème et 4ème circonscription sur la nécessité, face à l’urgence, d’une régulation de l’installation des médecins. Le député Sébastien Peytavie a cru bon de rajouter, « il y a 12 médecins de trop à Périgueux, alors qu’il en manque, par exemple, dans le ribéracois » [Dordogne Libre du 17 janvier 2023]


On ne peut demander à un député de maitriser tous les sujets sur lesquels il est amené à se positionner. Nous avons régulièrement, ici, exposé nos propositions et nos suggestions pour tenter de remédier à la conséquence de la politique publique portée par d’autres députés, en leur temps, ayant tous la certitude, que "moins il y aurait de médecins et moins il y aurait de dépenses de santé". Mais Monsieur Peytavie n'est pas le seul à ne pas comprendre la situation. Tous partis confondus, sur tous les bancs de l'Assemblée, des voix s'élèvent pour plus de contraintes et de mesures coercitives à l'encontre des derniers médecins encore motivés.


Le diagnostic n’est pas le bon, les remèdes ne seront donc pas adaptés. La prévision aujourd'hui, à Périgueux (30 000 habitants), c'est moins de 16 médecins dans la ville dans les cinq prochaines années!

Nous avons essayé de comptabiliser les médecins généralistes dits traitants, sans activité autres (expertise, sans activités diverses et majoritaires dans leur pratique : gynécologie, EMDR, …) pour la commune de Périgueux stricto sensu.

Ils sont 19 en exercice à temps complet pour la médecine générale. Certes, de nombreux médecins des communes voisines soignent des habitants de Périgueux et il en est de même de ceux de la ville-centre dont beaucoup de patients habitent sur l’agglomération. Cependant les données se compensent.

Au 31 décembre 2022, déjà 4 médecins de la ville sont partis à la retraite, soient 6 à 8 000 patients sans médecin traitant car non remplacés. Six autres médecins seront à la retraite dans les 3 à 5 ans qui viennent ou ont déjà prévus de partir de la ville en 2024 ou de changer de mode d’exercice. Seulement 3 installations seraient prévues dans les 3 ans qui viennent.

Le compte est simple, 19 généralistes pour 30 000 habitants (soit, en théorie, 1 579 patients/médecin) et dans moins de 5 ans, à ce rythme, ils ne seront plus que 16 (soit 1 875 patients/médecin).

Ce sera un tiers des médecins actuels de la ville de Périgueux qui seront à la retraite d’ici 3 à 5ans.


Sur la France entière, ce sont d’ailleurs des chiffres comparables : 47 000 généralistes traitants pour 68 millions de français, soient 69/100 000 habitants, soient 1 446 patients en moyenne/médecin avec un taux de départ à la retraite de 25% d’ici 2025 !

La jeune génération de praticien a dans sa file active 800 à 1 200 patients en moyenne. On sera loin du compte en 2025… Il serait intéressant que la CPAM ou l’ARS, communiquent sur le nombre moyen de patients par médecin traitant et sur le nombre de patients dans la file active de médecins, chiffre qui peut être légèrement supérieur.


Il ne sert à rien, que tous partis confondus, de la Nupes à l’extrême droite, on augmente la pression psychologique, financière ou règlementaire sur les médecins présents, qui travaillent, la plupart du temps, sans compter leurs heures et qui sont proches de l'épuisement!.

Au contraire, nous devons les protéger, rendre le métier attractif, garder les jeunes praticiens sur nos territoires et valoriser leur activité et leur investissement dans cette mission de service public. Il faut arrêter le matraquage administratif insupportable et humiliant.

Cette situation de pénurie, la dette de la sécurité sociale, celle d'une offre de soins réduite, celle de l'engorgement des urgences n'est pas le fait de nos médecins actuels mais de nos dirigeants, élus et administratifs, qui ont géré la santé de manière souvent incompétente avec des certitudes économiques erronées depuis quatre décennies.

Avec la crise économique et sanitaire des 3 dernières années, nos cabinets ont subi une augmentation de 24% en moyenne des charges en deux ans (2020 à 2022) par l’augmentation des frais de maintenance technique, des fluides, des normes supplémentaires, d'une augmentation de la masse salariale qui nécessitaient d’adapter le tarif de la consultation de 25 à 31€/acte sans majoration du bénéfice. Au lieu de quoi, il est proposé une aumône humiliante de 1.5 euro…


Nos médecins vont décrocher et, comme nos ingénieurs, nos jeunes internes vont partir à l'étranger sans s'installer en France, dévisser leur plaque au bout d'un ou deux ans d'activité ou se reconvertir. Les plus âgés, usés et proches du décrochage vont abandonner... Quel gâchis!


 

LES PROPOSITIONS

 
Quelques propositions simples et équilibrées qui permettraient de rendre à nouveau la profession attractive sur tout le territoire sans pour autant aggraver les déficits.

  • Une majoration des tarifs pour tous les praticiens de 5 euros (consultation remboursée à 30 euros)

  • Une acceptation du secteur 2 pour tous les généralistes qui le souhaitent avec une obligation d’appliquer le tiers payant, faisant régler au patient la part complémentaire (7.5 euros remboursée par les mutuelles) et la part de supplémentaire de 5 euros de dépassement (à la charge de l’assuré et remboursée ou pas selon les mutuelles)

  • Une majoration supplémentaire de tarif de 10 euros soit une consultation remboursée à 40 euros dans les zones tendues avec trop peu de médecins (ZIP ou ZAC) avec une obligation d’exercice de 5 ans minimum (sinon remboursement de la différence à la Sécurité Sociale). Révision des zones tous les 3 ans par l’ARS et suppression de l’avantage si la zone devient normalement dotée

  • Une suppression des reversements sécurité sociale dans le cadre des ROSP (économie pour la CPAM de 5 euros/ acte en moyenne et simplification des cotations pour le médecin)

  • Une suppression des CPTS, coquilles vides avec d’importants budgets prévus et inefficaces

  • Une défiscalisation des missions de service public notamment PDSA, rémunération des Maitres de Stages, des actes pour une prise en charge minimum de 200 patients supplémentaires au-delà des 1 000 premiers patients pour tous et pour l’ensemble des actes effectués les 3 premières années en zones déficitaires…

  • Une valorisation par un trimestre de retraite/ 3 ans de maitrise de stage pour les praticiens engagés dans la formation des jeunes internes et une majoration des actes de 5 euros.

  • Une interdiction d’installation en zones surdotées (zonage revu tous les 3 ans par l’ARS)

  • Une politique sociale incitative pour les praticiens installés en zones déficitaires avec doublement des points retraite les 3 premières années

  • Le maintien de la prime existante de 50 000 euros lors de l’installation en zone tendue mais sous conditions strictes et vérifiées (âgé de moins de 60 ans, ne pas venir d’une ZIP ou d’une ZAC, ne pas avoir déjà bénéficié d’une prime à l’installation, se déplacer avec une distance minimum de 50 km du lieu de son précédent exercice)

  • Une limitation à 3 ans maximum de la période des remplacements.

  • Un plafonnement des rémunérations des remplaçants à 70% de réversion.

  • La création de passerelles entre l’exercice libéral et l’exercice salarié par une demi-journée incitative par semaine d’exercice pour les jeunes installés en hôpital, en EPHAD ou en service d’urgence.

Cinq propositions iconoclastes pour les secteurs sous tension par manque de médecins avec la création de CSDA : Centres de Santé Départementaux d’Application en zones défavorisées (ZIP, voire ZAC) permettant d’intégrer la 10ème année de médecin dans une maquette « Etudes et projet d’installation », avec une logistique départementale finançant les locaux, les charges immobilières, le secrétariat, les véhicules
  1. En libérant une année d’activité des jeunes médecins ayant terminé leurs études, par la suppression de la thèse de médecine (généraliste et spécialistes) qui occupe une année de travail en moyenne, à l’exception de quelques thèses de recherche bien identifiées pour de futurs chefs de clinique.

  2. En valorisant la 10ème année d’études devenue obligatoire, par une année de médecine salariée en autonomie élargie et supervisée par le Maitre de Stage (Salaire de 5 500 euros net/mois) dans des cabinets « éphémères » en zone défavorisée (activité de médecine générale et de spécialité). Les actes sont des revenus pour l’Assurance Maladie, qui sera remboursée de la différence par les complémentaires. Conditions : 25 actes minimum/j (soit activité d’environ 15 000 €/mois au tarif actuel. Solde positif pour la collectivité de 9 000 €/mois pour 42h travaillées/semaine)

  3. En permettant le cumul emploi-retraite par un compagnonnage des jeunes médecins par de jeunes retraités (maximum 2 années après la date de la retraite) assurant ainsi une consultation allégée et ayant une mission de service public défiscalisée ou sans les cotisations sociales et cumulable avec la retraite (maxi 40€/h soit 6 000 €/mois, pour un minimum de 15 actes/j générant un chiffre d’affaires de 7 500 €/mois. Solde positif pour la collectivité de 1 500 €/mois)

  4. En permettant à un médecin installé « Maitre de Stage » d’assurer une permanence une journée par semaine sur le site de son interne avec l’autorisation de se faire remplacer au même moment dans son cabinet principal. Prise en charge financière matérielle des déplacements et paiement à l’acte majoré à 50€ pour une journée de présence (cotation élevée en rapport avec la supervision de son interne durant 4 jours à distance et 1 jour sur place). Cela permet, ainsi, le doublement du nombre des actes quotidiens réalisés sur le territoire défavorisé

  5. En créant un portail « attractivité nouvel arrivant » au niveau des agglomérations ou des départements (travail du conjoint, activités scolaires et parascolaires) pour les médecins, les nouveaux commerçants, nouveaux entrepreneurs …

Comments


bottom of page