Bel article dans DL sur les rôles méconnus du rat dans nos villes. Sa présence pointe nos incivilités et nos besoins. Une symbiose mutualiste pourtant nécessaire!
Patrick Capet, notre collègue en charge de la condition animale à la ville de Périgueux, nous apporte des éléments de compréhension intéressants sur l'interaction entre les humains et nos "compatriotes" les rats, qui nous sont indispensables dans le nettoyage de nos villes contrairement à une première impression de dégoût que l'on pourrait avoir en les observant roder autour de nos poubelles.
Lisez ses échanges argumentés avec Juliette Laferrere, dans Dordogne Libre du jour, en page 3. Instructif.
Relations complexes au long des siècles que l’homme a entretenu avec les rats.
Ils ont été tenus, tantôt pour responsables de nombreux désastres sanitaires, tantôt voués à une portée symbolique ou à un culte, tantôt considérés comme nourriture des humains et souvent même apprivoisés comme animaux de compagnie.
Les prisonniers dans leurs cachots ou les soldats dans les tranchées durant la guerre de 1914-1918 ont parfois su créer une solidarité de l’ombre avec eux. Jean de La Fontaine dans ses fables, Sigmund Feud dans ses théories, Walt Disney dans le cinéma d'animation ont été, chacun à leur façon, des chantres de cette cohabitation et de la symbolique associée à ces animaux..
Le cas de la ville de Paris.
Si vous passez par les quais de Seine, visitez les égouts. Cela vaut le détour et vous y ferrez des rencontres surprenantes: https://musee-egouts.paris.fr/
Les rats y seraient plus de 3 millions. Alors qu'ils prolifèrent dans les parcs, la mairie de Paris a décidé de consacrer en 2017, 1,5 millions d'euros à la dératisation, pourtant ils ne sont pas sur liste des nuisibles de la capitale contrairement au lapin de garenne et au sanglier! Les rats peuvent aussi être nos alliés dans la destruction des déchets. Malgré leur mauvaise réputation, ils se rendent utiles malgré eux grâce à leur féroce appétit. "Pour les égoutiers, le rat est plutôt un ami", souligne Bruno Roger de la Direction de la propreté et de l'Eau, lors d'un séminaire international à Paris, consacré il y a quelques années, à la "gestion des rats en milieu urbain". C'est ce que dit, d'ailleurs, Patrick Capet dans son interview.
Les rats participent en effet au bon fonctionnement du réseau des égouts en s'attaquant aux déchets. D'après WWF ils éliminent 800 tonnes de déchets, uniquement dans les égouts parisiens chaque année. Les rats sont en effet capables de manger l'équivalent de 10% de leur poids par jour et sont ainsi capables de faire disparaître jusqu'à 9 kilos par an chacun.
Les rats peuvent aussi être des donneurs d'alerte en cas de montée des eaux ou de fuite de gaz.
Cependant il existe des problématiques de propreté et de risques sanitaires liées à leur pullulation.
En six mois, une colonie de rats peut passer de deux à 50 individus, une capacité de reproduction éclair qui peut à terme entraîner des problèmes sanitaires et de propreté, en particulier en surface.
Si les probabilités d'être mordu par un rat sont assez faibles, l'animal peut dans de rares cas transmettre des maladies à l'homme. C'est le cas de la leptospirose qui peut être contractée par l'exposition d'une blessure à l'urine des rats (égoutiers, kayakistes, pécheurs). Un vaccin existe pour ces populations exposées.