Intervention en Conseil Communautaire - 08 septembre 2022
Monsieur le Président, Madame la Première Vice-présidente, Cher Philippe, mes cher(es) collègues, particulièrement Mesdames et les Messieurs les élu(e)s de Périgueux,
Mon intervention sera un peu longue si vous me le permettez, Monsieur le Président.
J’en suis désolé par avance mais la cause défendue est essentielle même si elle déjà actée.
Mon propos interpellera nos collègues conseillers mais surtout l’édile de Périgueux du fait de son choix de sortir la ville de l’Office de Tourisme Communautaire. Cette intervention légitime dans cette enceinte, ne se veut pas un règlement de compte interne à la ville de Périgueux, qui n’aurait pas sa place ici car des échanges ont déjà eu lieu en Conseil Municipal, mais plutôt l’assurance, pour plus tard, que l’on saura se souvenir de l’origine de cette situation quand on cherchera à la corriger.
C’est un constat pragmatique pour que tous aient le même niveau d’information sur les choix de la ville centre dans cette volonté d’un divorce qui n’a d’amiable que l’affichage. C’est un questionnement sur ce reniement d’un engagement démocratique antérieur bien que devenu permis par les textes. Je suis désappointé par cette délibération que vous avez portée le 08 juin dernier qui témoigne d’un entêtement dommageable pour tous et qui ne fait pas honneur à notre ville. C’est l’incompréhension d’un habitant, d’un élu, mais aussi d’un ancien Président de l’OTI qui voit se recréer un Office de Tourisme Communal, trois mois après avoir signé, enfin, les derniers documents liquidant le précédent...
En tant que nouvel élu avec peu d’expérience de gestion, je ne peux m’empêcher de m’étonner de l’absence de continuité républicaine dans la politique que vous soutenez ? Pourtant déjà tranchés pour Périgueux, ces choix fondamentaux, par suite de la loi NOTRe, de l’identité communale propre ou de la rationalisation de la compétence par transfert à un EPCI, ne peuvent être continuellement remis en cause.
Notre vision du tourisme ne devrait elle pas plutôt être pensée dans le sens d’un élargissement, tant en termes de territoire que de moyens à se donner pour encore plus d’attractivité ? A l’heure où d’autres imaginent une offre touristique étendue à toute la vallée de l’Isle, votre choix, Madame la Maire, n’est pas en phase avec le sens de l’Histoire...
La politique touristique devrait être motivée par le seul souci du service rendu aux habitant de notre territoire et de ceux qui le visitent, pas par un jeu inutilement stratégique que nos électeurs exècrent et nous reprocheront. Quel était le besoin d’instrumentaliser une politique qui était consensuelle et efficace ? Que de temps perdu désormais, temps passé à la forme qui n’est plus consacré au fond !
Nos différentes tentatives pour éviter cette situation de blocage ont échoué. La demande unanime des élus de l’opposition de retrait temporaire de la délibération lors du Conseil Municipal du 08 juin, pour se donner un temps de négociation nécessaire à créer les conditions d’un accord, a été ignorée. Votre décision fut tant précipitée qu’elle n’a même pas laissé la place à une ébauche d’étude d’impact préalable qui aurait été nécessaire, bien que, j’en conviens, non obligatoire.
D’autres litiges de ce type existent déjà pour notre commune que vous placez en situation de tension régulière avec l’Agglomération. Une seule commune qui se replie sur quarante-trois… mais jusqu’où va aller cette régression ? De nouveaux conflits surviendront vraisemblablement sur de multiples compétences que la ville n’a plus en charge mais que vous souhaiterez récupérer afin de continuer à « détricoter » la solidarité communautaire. Beaucoup de ces choix actuels et à venir, à l’image de celui-ci, seront quasi irréversibles, ou tout au moins complexes et couteux à inverser et incompréhensibles pour le public.
Au gré des changements de majorité, ce transfert de compétence risque de faire partie des premières actions qui seront corrigées par votre successeur, Madame la Maire, tant elle ne trouve aucune justification ou pertinence que ce soit en termes d’offre touristique, de diversité de territoire, mais avant tout, de nécessaire solidarité intracommunautaire. Je parle de solidarité à escient car nous avons eu besoin de tous, communes riches ou moins fortunées, rurales ou urbaines, au travers des périodes difficiles que nous avons traversé depuis vingt ans : les tempêtes, les canicules, les sécheresses, les bientôt trois ans de pandémie et leurs cortèges de difficultés économiques. Le bon sens nous dit que nous, citadins, et c’est l’histoire récente qui nous l’a encore rappelé, avons aussi besoin de nos campagnes, de leurs jardins et de leurs champs pour survivre et nous approvisionner. La solidarité est facile en temps d’abondance, elle devient sincère et réelle quand elle est éprouvée par la recherche du consensus et lorsque le ciel s’assombrit. Prenez garde que cette rupture du contrat qui nous lie aux autres, ne vous revienne pas plus tard comme un boomerang.
Je suis étiqueté par vous comme un donneur de leçons, alors que dans mon action je m’attache à être dans l’analyse objective et la proposition utile. Ce n’est pas le plus important… Il s’agit là de votre ton habituel lors de nos Conseils mais, cette fois votre discours est plus préoccupant. Alors qu’au sein de l’Agglomération, « un » vaut « un », vous devriez vous considérer comme une partie intégrante d’un tout. Vous vous auto-ostracisez en continuant à vous comporter en opposante systématique, ici, jusqu’à l’absurde… Je déplore que vous ne parveniez pas à transcender cette manière dogmatique de gouverner pour tendre vers l’idéal de noblesse qu’appelle la chose publique.
Pour ceux qui n’auraient pas assisté à la retransmission du Conseil Municipal du 08 juin dernier à Périgueux, je cite in extenso vos propos définitifs mais laisse nos collègues de l’agglomération juges de leur propre interprétation : « Lorsque vous enlevez Périgueux à Grand Périgueux, il reste Grand… mais ce n’est pas un Grand Périgueux … ». Et plus loin, pour ceux qui n’auraient pas bien compris, « … sur la compétence touristique, lorsque vous enlevez Périgueux… il ne reste plus rien !».
Effectivement, l’Abbaye de Chancelade n’est rien. Effectivement la Base de loisirs de Neufont, n’est rien. Effectivement Le musée de la Truffe de Sorges n’est rien. Effectivement le Chai de Lardimalie n’est rien. Rien non plus nos rivières, canaux et écluses, rien le Prieuré de Merlande, rien les Maquis de Durestal, rien le musée Napoléon de Cendrieux, rien la Chartreuse et ses jardins à Paunat, rien les 1 000 km de randonnées et autres chemins de St Jacques de Compostelle ou vélo routes, rien nos forêts et nos causses… Je continue ? Chaque commune a ses atouts, la ville-centre possède ses propres joyaux mais c’est l’ensemble de la parure qui attire le regard car il est ainsi harmonieux et attractif. Tout cela est sidérant quand c’est prononcé par la Première Vice-présidente de l’Agglomération, qui dans le même temps se pose en « protectrice » des habitants de Périgueux qu’elle pense mis en danger par l’existence même de l’agglomération. Ne vous battiez vous pas, rappelons nous, il y a quelques mois pour quelques centaines de milliers d’euros de taxe foncière, et encore pire, en proposant de rogner, vous, la Présidente de l’OTI, sur les budgets mêmes du tourisme, notre principale activité économique en Dordogne ?
Dans le même esprit, vous reprochez à l’Agglomération d’être un supermarché où d’aucun viendrait faire ses courses et quémander une aide … Vous faites pire que cela… Vous vous appropriez les opportunités que vous pensez les plus rentables. Vous acceptez le principe de répartition de l’effort pour ce qui vous semble peu couteux mais la solidarité intercommunale vaut, avant tout, à vos yeux, pour réaliser ce qui serait trop lourd à porter seule… un Grand Stade par exemple. Vous provoquez des altercations avec vos alter ego pour parfaire une posture et une notoriété de femme politique volontaire et obstinée.
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