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Une nouvelle polémique, celle de la "maltraitance" des rapaces dans les spectacles médiévaux… Chacun son avis!

"Les gens en ont marre qu'on leur fasse la morale!"

Maintenant les polémiques atteignent les spectacles médiévaux et les parcs à thèmes utilisant des rapaces, bientôt les effaroucheurs et autres fauconniers de nos aéroports, demain les spectacles équestres ou les courses hippiques… Partout l’animal, comme dans les zoos et les delphinariums n’est pas en liberté, partout il est contraint mais est-il pour autant maltraité ?



Prenons garde dans une écologie trop doctrinaire à justifier plus de droit à l’animal ou au végétal qu’à l’humain au prétexte qu’il a, lui ou son ancêtre, contribué à détruire la nature dans l’espace où il vit. C’est bien là, la limite entre la nécessité d’une conscience et une action écologique collective et supportable, un soulèvement écologique que certains appellent de leurs vœux, et une nécessaire adaptation individuelle, progressive pour être acceptée, qui ne soit pas une camisole de force, ou un oukase, à chaque fois que nous succombons à la tentation de satisfaire un désir qui ne serait pas durable...

Ne faisons pas à l'écologie ce qui a été appliqué pour la réforme des retraites: un passage en force voire culpabilisant. Une large adhésion populaire, plus lente et partielle dans un premier temps, vaut mieux qu'un édit ou un 49.3 à la hussarde! Pédagogie est force d'adhésion!


1- Le contexte

Reçu de l'association PAZ, le 17 avril 2024, le mail ci-dessous:

Monsieur le Conseiller municipal,

Notre association défend les intérêts des animaux. Nous travaillons notamment sur la question des rapaces exploités pour des fêtes médiévales.

Le 13/04/2024, au Château Barrière, des rapaces ont été exhibés. Il s’agit d’animaux sauvages captifs et dressés. A priori, cette animation a été commandée par la Mairie de Périgueux.

Je vous informe que la loi adoptée en 2021 interdit l’utilisation d'animaux sauvages en 2028 dans les spectacles itinérants. Ce type d'animation sera concerné.

Pourriez-vous intervenir lors du prochain Conseil Municipal pour demander à la Mairie de ne plus faire intervenir d’animaux sauvages lors d’animations ? Cette intervention pourrait prendre la forme d’un vœu ou d’une question orale.

Nous restons à votre entière disposition pour toute question ou relecture.

Je vous remercie par avance.

Bien cordialement,

[Identité de l'auteur et signature volontairement occultée sur ce post]


L'article dans Sud Ouest du 14 avril 2024

« Ni des jouets, ni des attractions » : l'association PAZ s’élève contre la présence de hiboux dans une fête à Périgueux et appelle les organisateurs de fêtes médiévales à ne pas attendre passivement l’entrée en vigueur de la loi et à se détourner, dès maintenant, de ce type de représentation.

2 - Mon avis personnel

Les rapaces présentés, la plupart du temps, sont nés en captivité et ne correspondent pas à la description donnée par l'association PAZ. Les dresseurs qui travaillent avec eux sont des fauconniers, amoureux des rapaces. Ils vivent en symbiose avec ces animaux. Le combat du respect dû aux animaux ne se joue pas, selon moi, au niveau des fêtes médiévales ou des spectacles utilisant différentes espèces d'oiseaux… L'interdiction va d'ailleurs concerner les parcs à thèmes voisins (Les Milandes, Rocamadour, le parc sauvage de la Tour Blanche qui vient juste de se remettre à flot (Cf SO 19/04/24), le Puy du Fou, Beauval...). Cette guerre des principes commence par les rapaces, bientôt peut-être les spectacles équestres, mais au delà du légitime respect que nous devons aux animaux, à quel niveau de radicalité pouvons nous supporter cet antihumanisme affiché par certaines associations trop clivantes pour emporter l'adhésion du plus grand nombre. On ne peut pas se saisir de tous les sujets polémiques pour en faire un combat médiatique, ce d'autant que la loi est votée et sera applicable fin 2018.

L’approche nécessairement plus vertueuse de nos relation avec les animaux, se persuadant que l’homme et l’animal diffèrent en degré et pas en nature. Refuser d’être un prédateur en sachant pourtant, que contrairement à l’idée communément acquise, et pour mieux nous positionner dans la chaine alimentaire, l’homme n’est pas un prédateur supérieur, car situé au même niveau que l’anchois!


On doit, selon certains, « traiter les animaux, comme l’écrit Michel Onfray, en alter egos dissemblables », « refusant de leurs infliger des souffrances inutiles » et plus polémiques dans nos terres du sud-ouest attachées à des traditions très vivaces qui font encore sens car elles créent du lien, « de faire un spectacle avec la mort d’un animal ».


Vigilance cependant à ne pas habiller des habits de la morale, des associations antispécistes un peu marginales, dépassant la qualité de lanceurs d’alerte, qui promeuvent, par la violence parfois, la fin d’une exploitation animale bien souvent trop radicale.


3 - L'association PAZ ?

Selon Wikipédia:

L’association est nommée d'après l’ouvrage Zoopolis, une théorie politique des droits des animaux des philosophes canadiens Sue Donaldson et Will Kymlicka (2011). Selon les principes dégagés dans ce livre, PAZ vise à favoriser l'évolution vers une société multi-espèces équitable où les humains et les animaux cohabiteraient pacifiquement.

En pratique, cela demanderait d'accorder une citoyenneté particulière aux animaux domestiques, à reconnaitre la souveraineté des animaux sauvages sur leurs territoires et à protéger les animaux liminaires (rats, oiseaux des villes...).

A cette fin, l'association œuvre à mettre fin à ce qu'elle considère comme des abus envers les animaux, à sensibiliser le grand public au respect des intérêts des animaux, à faire évoluer les pratiques des pouvoirs publics et à faire évoluer le droit.


Ses engagements contre l’exploitation animale dans les cirques, la pêche de loisir dite “no-kill” dans la Seine, la reconnaissance du sacrifice des animaux de guerre ou encore l’application de mesures non létales pour les rats sont issus d’un choix stratégique visant des avancées réalistes à court terme.


Alexandre Thévenin avec ses hiboux grands-ducs , samedi 13 avril 2024, château Barrière. © Crédit photo : Philippe Greiller


4- Ma vision, à la fois sociétale et écologique, de notre monde.


Les écologistes politiques n’ont pas été aux manettes dans un exécutif national depuis dix ans. Ils représentent moins de 2% des députés à Paris et 10% à Bruxelles. Leurs porte-paroles vivent trop souvent dans un monde virtuel trop éloigné de nos réalités.


A l’image de Sandrine Rousseau, vice-présidente de l’université de Lille, et économiste de métier, qui incarne une vision écologiste et féministe. Une vision écologiste et féministe. Deux combats trop clivants s’ils sont portés comme irrépressibles, sectaires et excessifs car sans demi-mesure. Cela s’ajoute à une politique d’extrême gauche, chère à la France Insoumise, qui « veut faire payer les riches » : revenu d'insertion pour les sans-emplois dès 18 ans, augmentation de la progressivité de l’impôt sur le revenu, interdiction des pesticides…


C’est l’ambivalence de nos politiques à la fois européennes et nationales qui balancent un temps vers plus d’écologie et dans la seconde d’après, dans plus de pragmatisme car la réalité de gestion du quotidien rattrape nos idéaux.


Dit d’une autre façon par Henri Gaino : « A quoi rêvent les adaptes d’un nouveau monde ? A un monde sans pêcheur, sans berger, sans éleveur en montagne, sans agriculteur, après avoir rêvé d’un France sans usine et sans ouvrier ? ». On ne peut que lui donner raison.

Pour porter la cause animale ou environnementale, doit-on forcément mener un antihumanisme radical ?

La réintroduction d’un animal disparu dans nos contrées est-elle plus essentielle que les droits des humains qui y vivent actuellement ? Prenons garde dans une écologie trop doctrinaire à justifier plus de droit à l’animal ou au végétal qu’à l’humain au prétexte qu’il a, lui ou son ancêtre, contribué à détruire la nature dans l’espace où il vit.


Prudence dans cet antispécisme effaçant la frontière entre l’homme et l’animal sauvage, dévalorisant l’un pour revaloriser l’autre qui conduit aux excès du siècle précédent et au renouveau du paganisme naturaliste germanique dont les extrêmes droites européennes, anglo-saxonnes et américaines se sont emparées au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Le parti nazi, et en particulier la SS, avait en son sein un nombre non négligeable de défenseurs du retour au paganisme, à commencer par le chef de la SS, Heinrich Himmler. Il s’agissait, plus tard, à la fois de trouver un palliatif à la thématique aryenne et un moyen d’élaborer une nouvelle spiritualité européenne, parfois conçue comme une philosophie tournant le dos au christianisme.

Nous n’en sommes pas encore là, mais une petite musique nous serine quotidiennement que nous sommes coupables, qu’il a une pertinence à promouvoir l’animalité et la sauvagerie, et que l’idéologie qui promeut l’animal avant l’homme est la seule qui sauvera notre planète.

Plutôt que de corriger, réparer, préserver, nous préférons interdire, conspuer, vilipender, ostraciser.

C’est le cas dans les débats sans fin sur la tauromachie ou la chasse, qui pour certains sont des exutoires à la violence inhérente à l’homme, pour d’autres une pratique ancestrale presque aussi vieille que l'humanité et qui est inscrite dans la culture locale. Souvent décriés, les chasseurs se revendiquent toutefois comme des régulateurs essentiels de la biodiversité.

Un monde remplit de passion... et de contradictions.

Harcèlement, persécution, intimidation, lynchage médiatique : le prix à payer pour l’orgueil et les fautes contre la nature à imputer depuis des décennies à notre civilisation industrielle peu respectueuse de l’environnement.


C’est bien là, la limite entre la nécessité d’une conscience écologique collective, soulèvement écologique que certains appellent de leurs vœux, et une nécessaire adaptation individuelle progressive qui ne soit pas une camisole de force à chaque fois que nous succombons à la tentation de satisfaire un désir qui ne serait pas durable.

La dégradation de notre monde avance vite, mais violenter les individus par des mesures punitives sans proposer, dans le même temps des solutions alternatives parait inapproprié.

Demandons et contraignons d’abord à nos collectivités, à l’Etat, aux grandes entreprises, notamment celles du domaine de l’énergie et des matières premières d’être exemplaires. Les citoyens suivront ensuite.


Qui définit cet équilibre fragile entre des mesures coercitives, non populaires voire liberticides au nom de l’urgence climatique et l’acceptation de ces restrictions individuelles pour le bien-être de la communauté ? Sommes-nous inactifs et inertes en ce début de siècle comme nous le signalent les lanceurs d’alerte, plein de fougue, jeunes très souvent, qui arpentent les réseaux, les plateaux, les ZAD et autres sommets altermondialistes ? Ont-ils raison avant nous et sommes-nous déjà aussi aveugles, irréfléchis, irresponsables et tellement cyniques pour ne pas voir arriver la catastrophe annoncée ?


Ces mouvements de soulèvement, existants depuis plus de vingt ans, sont des groupes de vigilance et de pression qui s’expriment au nom des victimes de la mondialisation et par la mise en cause systématique de toutes les formes d’autorité. Toutefois, si on les voit comme les porteurs de l’espoir immémorial d’un autre monde susceptible de dépasser le capitalisme, on ne pourra être que déçu, d’ailleurs il n’ont jamais vraiment réussi à s’implanter dans le monde ouvrier et populaire, les privant d’une chambre d’écho essentielle pour faire basculer les convictions. Il faut dire que ce monde du travail est directement lié aux entreprises productivistes et cela parait difficile que ces travailleurs luttent de manière suicidaire contre ce qui les fait vivre.


5- La loi contre la maltraitance animale de 2021


En cas de conflit entre des intérêts humains et des intérêts non humains, lorsque aucune importance n’est accordée aux seconds, on parle de « spécisme radical ». À moins que cela ne desserve des intérêts humains, il serait, selon cette approche, moralement acceptable de martyriser un chat par simple curiosité ou par plaisir. On parle également de spécisme radical si les intérêts secondaires d’êtres humains sont privilégiés aux dépens d’intérêts vitaux d’autres animaux.


C’est ce qui se passe lorsque l’on choisit de causer une grande douleur à un animal plutôt qu’une légère douleur ou simple contrariété à un être humain. Et c’est ce qui rend le mieux compte sans doute de la situation actuelle, puisque les animaux de rente sont élevés et tués pour le plaisir gustatif que nous procurent les nourritures animales…


Campagne dans le métro parisien : septembre 2017


Des « autruches abattues à la fin de la saison », des « dromadaires drogués », des « chats utilisés pour entraîner les rapaces », des « chevaux tabassés », des « tirs au pistolet à air comprimé » pour faire avancer des tigres, des bœufs blessés pour être dressés, un « daim abattu après s’être échappé d’un enclos », puis dégusté au barbecue, un « agneau malade placé vivant dans un congélateur » ou même un « mouton agonisant non euthanasié » pour faire des économies de soins vétérinaires… Des faits étalés sur une dizaine d’années, dénoncés des anciens employés et colligés par des associations de protection des animaux à l'encontre d'un grand parc d'attraction français en 2020. Interrogé le PDG du Puy du Fou a contesté la majeure partie des faits dénoncés. Il a tout de même reconnu le licenciement d’employés violents, évoquant des « erreurs de recrutement ». « Oui, il y a des gens qui ont eu un comportement violent avec les animaux et en particulier avec les chevaux. C’est arrivé. Le dernier en date qui a été renvoyé de chez nous pour cette raison là c’était en 2014. Depuis, ça n’existe pas », assure-t-il. Il a également confirmé l’envoi à l’abattoir d’autruches jusqu’à la fin d’année 2012 et l’utilisation de tranquillisants sur les dromadaires, sous contrôle d’un vétérinaire.


Des associations se sont indignées également du traitement réservé aux animaux dans les cirques ou les delphinariums. Depuis quelques années d'autres demandent aux collectivités de ne plus utiliser des oiseaux sauvages dans leur fêtes médiévales comme ce fut le cas il y a quelques jours à Périgueux pour la fête médiévale au Château Barrière.


En France, la loi contre la maltraitance animale du 30 novembre 2021 a statué sur l’interdiction des delphinariums fin 2026 et des spectacles de rapaces ou de cirques itinérants fin 2028.

Ceci le sera à l’expiration d’un délai de sept ans à compter de la promulgation de la loi n° 2021-1539 du 30 novembre 2021 précitée ». « C’est un délai raisonnable de transition, pour laisser le temps aux circassiens de s’adapter à des spectacles sans animaux sauvages et à l’État de trouver des solutions de placement pour ces animaux », explique Loïc DOMBREVAL, le député (LREM) qui fut à l’initiative de cette loi.


L’ONG de défense animale "One Voice" attaque néanmoins régulièrement en justice les circassiens qui ne respectent pas un arrêté de 2011 spécifiant les conditions de vie des animaux maintenus en captivité. Quand l’arrêté n’est pas respecté, "nous obtenons de la justice que les animaux soient extraits des cirques ». Quand elle a entamé il y a vingt-cinq ans son combat contre la maltraitance et pour le respect des espèces sauvages, "il y avait encore quarante éléphants sous les chapiteaux", d’après Muriel Arnal, sa présidente, "plus qu’un aujourd’hui », affirme la présidente de One Voice, qui estime à plus de cent le nombre de villes refusant aujourd’hui d’accueillir des cirques avec animaux.


Dans un autre registre, que vont devenir les fauconniers et autres effaroucheurs gestionnaires de nos aéroports (Orly, Nantes, Hyeres, Villacoublay...)?




6- En complément

POUR L'INTERDICTION DES ANIMAUX EN SPECTACLE

L'avis de la Fondation Brigitte Bardot, qui englobe dans les établissements qui utilisent les animaux non domestiques: les combats d'animaux, la corrida, les cirques, les delphinariums, les aquariums et les zoos: https://www.fondationbrigittebardot.fr/la-fondation/nos-combats/spectacles-captivite-animaux/


CONTRE L'INTERDICTION DES ANIMAUX EN SPECTACLE

L'avis de Frédéric Edelstein, directeur du cirque Pinder et dompteur de lions, est un fervent partisan des animaux aux cirques


QUE VONT DEVENIR CERTAINS ANIMAUX DE SPECTACLE, UNE FOIS LA LOI APPLIQUEE

One Voice dénonce le fait que les animaux pourraient être vendus dans s'autres pays pour continuer leurs spectacles dans des conditions équivalentes, voire moins bonnes.

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